Université de Rouen-CEREdI EA 3229
RÉSUMÉ
L’étude des œuvres traduites par Belleforest durant un quart de siècle révèle, sans surprise, l’absence chez lui d’une réflexion sur la question cruciale de la « fidélité ». Il est en revanche très disert sur les motifs de cette pratique et ses objectifs. C’est que sa conception du rôle de traducteur va bien au-delà d’un passeur de textes et d’idées. Ses discours d’escorte en particulier révèlent qu’il envisage le traducteur comme un collaborateur de l’auteur étranger ou même un auteur en second, dont l’autorité s’affirme de multiples manières au point qu’il s’imagine comme un auteur de plein exercice.
MOTS-CLÉS – traduction, autorité, fidélité, invention
SUMMARY
The study of the works translated by Belleforest during a quarter of a century reveals, unsurprisingly, a lack of reflection on the crucial question of “fidelity”. On the other hand, he is very eloquent on the reasons for this practice and its objectives. This is because his conception of the role of translator goes far beyond a conveyor of texts and ideas. His escort speeches in particular reveal that he conceives the translator as a collaborator of the foreign author or even a second author, whose authority is asserted in many ways until to imagining himself as an author of full exercise.
KEYWORDS — translation, authority, fidelity, invention
La masse des traductions réalisées par François de Belleforest, « en si grand nombre que leur seul catalogue pourroit composer un assez juste volume » exagère Colletet[1], soit quarante-cinq ouvrages de 1559 à 1583[2], du latin, de l’italien et de l’espagnol, et dans une grande diversité de genres ; la proportion considérable que ces milliers de pages représentent par rapport à son œuvre propre, et dont on prend la pleine mesure en suivant son parcours[3] ; arguments auxquels on ajoutera celui, secondaire, de son rôle dans la traduction des premières Histoires tragiques, probablement bien plus que celui d’un assistant[4], justifient une réflexion sur la place de la traduction dans l’œuvre du Commingeois.
Ils confirment aussi le titre de cet ouvrage, « de la traduction à l’invention ». Mais s’agit-il d’un parcours qui acheminerait le traducteur vers l’invention d’œuvres originales ? du processus d’émergence de telle ou telle œuvre à partir de textes traduits ? ou bien encore d’une tension parcourant l’ensemble de ces écrits ? L’on comprendra que c’est à cette version que nous nous rallierons en parlant de la main du traducteur.
Si l’on admet qu’une pratique si intensive implique une pensée qui l’informe ou qui, à l’inverse, en sera le fruit, la première piste qui s’offre est la quête, à défaut d’une théorie explicite ou constituée, tout au moins d’indices révélateurs d’une conception belleforestienne de la traduction – fût-ce pour constater sa banalité. Or l’examen des textes révèle une grande absence, celle d’une réflexion sur le point sensible : les techniques et, partant, les problématiques rhétoriques et poétiques mettant en jeu la relation entre texte original et texte traduit, dans la perspective étudiée par Glyn Norton[5].
Trois exceptions peuvent tromper. Le traducteur de Guevara proteste de sa fidélité à l’original, « seulement traduict comme le langage Espagnol habloit et le portoit »[6] ; mais la décalque du verbe[7] ne signifie aucun parti traductif, elle exprime une précaution religieuse dictée par le contexte politique[8] : soumis aux « doctes et vertueux Theologiens de nostre mere Sorbonne », le livre a en effet été « tourné par un auditeur sans scrupule fascheux »[9].
Deuxième cas : au titre des Epistres familieres[10], « le Latin et François correspondant l’un à l’autre fidelement » ne désigne rien de plus que la coïncidence typographique – en réalité imparfaite – des textes juxtaposés, comme l’indiquent ailleurs des analogues[11].
Enfin, au seul moment où Belleforest s’empare du topos central et décoche le verbe-clé, c’est pour s’en défaire aussitôt : « ...non pas que je me sois asservy à la maniere de parler dudict auteur : veu que je l’ay enrichi de sentences, d’adoption d’histoires, harangues et epistres, selon que j’ay veu, que le cas le requeroit »[12]. Le but est d’« embellir l’histoire », dans cette Continuation des Histoires tragiques pour laquelle il récuse alors le titre de « traduction » au profit de celui d’« embellissement ». On objectera avec raison que dire que ceci n’est pas une pipe n’empêche pas ceci, quelque part, d’être tout de même une pipe ‒ mais, alors que son prédécesseur se contentait de « finasser » avec l’idée de traduction[13], par ce transfert de la version dans le champ de l’invention le Commingeois franchit un Rubicon – ce qui nous fait passer nous-mêmes sur l’autre rive, que nous aborderons par la suite. Nous devons noter que cette prise de position unique se trouve instantanément privée de pertinence par le rejet du label, qu’elle suggère que si Belleforest eût traduit, il se fût « asservi » à l’original ‒ ce que toute son activité dément par ailleurs –, qu’il réduit un peu légèrement la « maniere de parler » de l’original à sa continuité que vient rompre l’insertion d’éléments nouveaux, et enfin que c’est sur cette seule question de la fidélité qu’il écarte l’appellation de traduction alors qu’à tous autres égards il traite son ouvrage comme tel ‒ ce qui nous autorisera par la suite à en tirer argument. Si ce silence théorique sur ce qui est alors le problème central de la traduction est loin d’être une exclusivité de Belleforest, c’est au moins une caractéristique, qui le place, sur ce point crucial, au rang des purs praticiens ; et cela oriente donc l’enquête dans une autre direction, celle du rôle prêté au traducteur et à la traduction.
De fait, si la question « Qu’est-ce que traduire ? » ou « Comment traduire ? » n’est pas posée, les motivations de la traduction sont abondamment et très diversement détaillées.
La promotion personnelle du traducteur s’affirme parfois avec une franchise dénuée de pudeur :
... de Belle-forest absent de vous, et incogneu, et ne vous cognoissant que par renommée, est l’amy de vertu, et celuy qui admire, et fait service, à la vertu et aux vertueux. Et..., quoy que mal recogneu, ne cessera jusqu’au mourir de s’employer pour le bien public, et pour plaire aux rares, et gentils espriz qui vous ressemblent : et la bonté, et courtoisie desquels luy donne plus de contentement, que ne feroit tout l’or tiré des mines qui sont au Beni, ou en toute la Guinée[14].
Mais laissons cette considération, qui n’est pas propre aux textes traduits, pour envisager leurs motivations spécifiques, que l’on pourra répartir graduellement en cinq thèmes.
Le motif premier est évidemment la valeur de l’original. Celle-ci se décline à perte de vue selon l’œuvre concernée : le Corbaccio offre, c’est bien le mot, « un vray Laberinthe de saines interpretations »[15], les Heures de récréation les exemples, propos mémorables, doctrine, éloquence et gentillesse de l’auteur[16], l’Histoire de la guerre… contre les Turcs « le suject plausible… les matieres de grande consequence, les faits d’armes genereux, la constance des nostres admirable, les exemples de pieté, chasteté, et vertu... »[17], le Polydore Virgile est une « piece ... diversifiée de diversité de couleurs, et matieres, (quoy que le volume soit petit) »[18]...
Ces qualités inspirent le thème corrélatif de la lutte contre l’oubli : « ...le savoir comprins en ce livret m’y a fait mettre la main, comme une chose digne que les françois lisent et qu’elle soit ravie des tenebres obscures d’oubly où jusqu’à present elle avoit esté ensevelie, et cachée... »[19] Divers discours d’escorte s’en font l’écho, tels ceux des Histoires tragiques : traduisant Bandello, « Luy ayant faict parler le langage de France / Le retire, aujourd’hui des levres du tombeau », dit Pierre de Larrivey[20].
Le deuxième motif découle du précédent : c’est la translatio studii. À propos de Guevara, Belleforest dit avoir « pris en main un autheur Theologien pour le faire parler François, et le donner à nostre France »[21]. La traduction a en effet pour mission de lever l’obstacle linguistique qui s’oppose au transfert des connaissances : « ...le Latin… n’est veu que de peu de personnes, et... la chose merite bien de venir à la cognoissance de tout le monde »[22] ; pour la Remonstrance de Léger Duchesne, il lui a « semblé juste, que ceux qui n’ont pas fait grand proufit en la langue Latine, jouissent du fruict de tel œuvre... »[23], et ailleurs on lira « divers exemples… dignes que ceux, qui n’entendent la langue Italienne en eussent le plaisir de la lecture… »[24] Le traducteur est intarissable sur ce qui peut en effet être considéré comme le cœur de son métier.
Cette fonction de passeur s’illustre dans une œuvre pédagogique dont la fin avouée est de seconder le précepteur Touchard dans son institution du prince[25] ; mais la visée en est plus large puisqu’une édition juxta sera destinée à l’« instruction des enfans » dont ont la charge les « doctes precepteurs qui forment les esprits de la jeunesse de France »[26]. L’acte de traduction est considéré en lui-même comme de nature pédagogique à l’adresse des « simples et rudes au sçavoir, ausquels – dit Belleforest – j’ay facilité les choses qui sembloyent rudes, mal acostables, et difficiles à entendre »[27].
Au-delà des lettres humaines, sa mission embrasse des domaines très pratiques, et ô combien stratégiques, à l’évidence les arts politiques et militaires auxquels se vouent ses lecteurs distingués, mais aussi l’agriculture :
...ainsi que nature s’esjouit en la diversité, nous aurons aussi le contentement en nostre usage, et en celuy des estrangers, et (peut estre) pratiquans leurs manieres de faire, nous rendrons noz terres plus fertilles, ou à tout le moins nous causerons que noz laboureurs seront et plus diligens et mieux pratiquez en ceste sacrée, et necessaire science[28].
La translatio studii est aussi un transfert de technologie...
Mais, anticipant sur la suite, observons que l’opération consistant à « faire parler françois » tel auteur[29] en dit long sur sa dynamique : cette expression récurrente – l’est-elle autant chez d’autres traducteurs ? – énonce une mise sous contrainte de l’étranger nécessaire à son importation ; elle décrit l’adoption comme cette annexion dont parlent Henri Meschonnic et Antoine Berman[30], une aliénation préalable à l’appropriation qui, en les forçant à « parler françois » offrira à un tel « l’honneur… d’estre mis en nostre langue »[31] et à tel autre la chance de briller en France, car on fût « marry que celuy qui nous en a fait part en sa langue, fut privé et frustré de l’honneur qu’il merite de ses recherches »[32].
Le troisième motif procède du précédent : c’est l’intérêt public. Les œuvres traduites serviront à « parer le cabinet d’un Prince issu d’ayeuls tels que la France admire et revere, et que le reste des nations ont eu en honneur »[33] ; le traducteur se flatte de montrer ce qu’il nomme sa « devotion » et son sens du « service »[34], qui cependant n’ont de vertu que s’ils peuvent « servir au prouffit commun, et au contentement de toute une republique »[35].
La fréquence des mots « service » et « servir » dans le discours du Commingeois, sourd à la question de l’« asservissement » du traducteur qui occupe tant ses contemporains[36], confirme la nature sociale et politique de sa réflexion sur la traduction. L’engagement n’est pas sans risque car, si les Histoires tragiques valent pour le « fruict » qu’en tirera la « jeunesse Françoise »[37], l’argument pourra se retourner contre le traducteur quand Colletet devra le défendre contre La Popelinière d’avoir, avec Thevet, « préjudicié à la jeunesse et par conséquent à l’Estat »[38].
Quoi qu’il en soit, ce souci du bien public avoue un objectif des plus ambitieux, « un jour faire reluire le siecle heureux, esloigné long temps a de nous, en ceste France »[39], projet grandiose dont l’argument suivant est la principale illustration.
Il s’agit de la promotion de la langue : « achever d’illustrer la langue Françoise, qui sembloit parvenue à son feste, et accomplissement »[40] et le passage des œuvres en langue française prélude au triomphe de l’invention nationale que claironne la Continuation des Histoires tragiques[41].
Il faut signaler ici un fait capital, qui explique sans doute l’enthousiasme de Belleforest lorsqu’il embrasse l’objectif commun à tous les lettrés et à la monarchie et qui est sans doute à l’origine de cette vocation à laquelle l’aurait voué la providence[42]. C’est que ce « Gascon naturel »[43] a le feu des nouveaux convertis : « ...je sçay que vous lyrez Guicciardin parlant vostre langue en laquelle je l’ay mis, quoy que je ne sois naturel du pays, où la langue Françoise prend naissance, laquelle toutesfois j’ay tellement embrassée, que d’icy en avant je l’oseray recognoistre comme pour maternelle »[44] ; or, précise-t-il dans les Harengues militaires, l’italien est « un langage, qui m’est à demy naturel »[45]. Et c’est au sens propre, car sa mère serait d’origine transalpine[46] ‒ l’on goûtera au passage l’ironie qu’il y a à voir un Français italianisant parce qu’italianoïde s’illustrer principalement à partir du « Bandel », un Lombard biographiquement francisé. L’italien est donc en partie sa langue ; quant à l’espagnol, faut-il en attribuer la maîtrise à la proximité géographique de sa terre natale ? Il est certain, en tous cas, que s’il maîtrise le latin comme tous, il doit avouer dans ce même ouvrage sa médiocre connaissance du grec[47].
Enfin, si nous pouvons nous permettre d’en venir au cinquième point…, qui est moins banal et nous oriente déjà vers une extrapolation du rôle du traducteur, la traduction produira une amélioration de l’original.
C’est le cas de la Guerre des Juifs, ouvrage que, dit Belleforest, « estant tombé entre mes mains j’ay tasché de... faire François, avec le plus d’ornement qu’il m’a esté possible, veu le langage de celuy qui me l’a produit »[48]. Cette assomption verra s’« accroistre le lustre de l’œuvre et l’autorité de l’auteur »[49] non par le simple passage dans une langue accessible à tous mais en les dotant d’une qualité supérieure. Le thuriféraire porte l’argument à son acmé quand il suggère que la traduction, faisant œuvre désormais, mériterait bien une retraduction dans la langue originelle par le propre auteur :
Tu fais ceste faveur aux escriteurs Toscans,
D’eclarcir les escris de ceux qui plus sçavanz
Ont de toy cest honneur, qu’il te plaist les traduire.
Quand Guicciardin veera ceste traduction,
Il te voudra traduire, ainsi pourra ton nom,
Aussi bien qu’en la France en l’Itale reluire[50].
Les Histoires tragiques sont le parfait exemple de cette transfiguration. Si Belleforest se prévaut d’avoir « embelly l’œuvre de l’Italien assez mal fluide et doux-coulant... »[51], on sait que l’image d’un Bandello « auteur Italien, assez grossier »[52], qui commence avec Boaistuau[53], s’ancre elle-même dans une excusatio propter infirmitatem du Lombard[54] ‒ et non Toscan ; cela n’empêche pas cette critique de l’original de s’inscrire dans la compétition culturelle qui autorise à l’améliorer et à l’amplifier[55], en en perfectionnant donc aussi bien la langue que le contenu[56].
Épars dans l’œuvre du Commingeois, ces arguments, on le voit, se tiennent fermement les uns aux autres et rejouent inlassablement le conflit entre cultures de départ et d’arrivée. L’échantillon glané, révélateur de leur abondance, permet de conclure – ne fallait-il pas s’y attendre ? – que Belleforest déploie, à quelques modulations près, les articles d’une doctrine éprouvée, la vulgate du discours contemporain sur la traduction[57]. Peut-être faut-il souligner qu’il les expose avec une éloquence certaine et un affectus qui les soustraient au vulgaire poncif et font de certaines épîtres dédicatoires de véritables morceaux de bravoure. Mais l’amélioration de l’original et cette fameuse compétition nous conduisent au cœur de notre réflexion.
La question que ne cesse de poser l’œuvre du traducteur est en effet celle de sa position par rapport à l’auteur et de leurs rôles respectifs. Comme la précédente, elle peut être abordée graduellement, des marques les plus discrètes jusqu’aux affirmations les plus fortes de l’autorité du traducteur, suivant quatre degrés.
En premier lieu, des signaux « faibles », en comparaison de ceux qui suivront : la désignation du traducteur et de l’opération de traduction. Elle appelle deux remarques, la première concernant le traducteur. Le nôtre est constamment et banalement identifié comme « François de Belleforest Comingeois ». Mais se présentent plusieurs cas où, parfois pour des raisons éditoriales avérées, il n’est pas même nommé[58] : il reste anonyme dans le Siège... de Famagoste[59] ; dans le Corbaccio[60] son nom n’apparaît que dans l’épître dédicatoire, de même que dans les Commentaires d’Ulloa, qui le répètent au privilège – en indiquant par ailleurs une fausse langue de départ[61] ; les Amours de Clitophon et de Leucippe ne portent que l’initiale de son patronyme, au bout d’une chaîne de traduction omettant l’italien à partir duquel il travaille[62]. Cette occultation ne signifie nullement qu’il s’agit de traductions « pures », « fidèles » à l’original : ainsi, le texte original de Guevara est loin d’être scrupuleusement suivi dans le Livre du mont de Calvaire de Guevara[63]. Mais tout aussi remarquables sont les cinq cas où a contrario son nom occulte partiellement ou en totalité celui de l’auteur : L’Histoire universelle du monde[64], le Recueil… de Jean Froissart[65], les Harengues militaires de Remigio Nannini, la Remonstrance de Léger Duchesne et Les Sentences illustres de M. T. Ciceron[66].
Quant à la traduction, la diversité des appellations inviterait à les considérer si l’on croit qu’auteurs et libraires donnent un sens précis aux termes qu’ils emploient : « faictes Françoyses »[67], « Mis en François »[68], « tourné d’italien en nostre langue Françoise »[69], « Translaté de latin en françois »[70], « Traduict »[71], cette dernière qualification, qui s’est imposée au tournant des années 1540[72], s’avérant la plus commune. L’examen ne laisse malheureusement apparaître ni évolution chronologique, ni corrélation entre l’appellation et la pratique, pas plus qu’entre l’appellation et le genre ou quelque autre caractéristique de l’original.
Viennent ensuite les discours manifestes, essentiellement épîtres liminaires, où l’affirmation de l’autorité du traducteur se joue dans sa prise de parole. Si certains se cantonnent à une fonction purement dédicatoire, la plupart développent, en dépit du caractère codé de l’exercice, un propos substantiel comme dans les Harengues militaires[73], les Heures de récréation ou les Epistres des Princes. Ces seuils, devenant ici sas interculturels, tout autant qu’ils informent sur le rôle du traducteur sont le lieu d’expression d’un èthos singulier qui donne corps à son autorité. Belleforest sait faire preuve d’un orgueil et d’une modestie savamment dosés :
J’ay embrassé des sujets divers de l’histoire, pour un jour former un corps parfait d’icelle, qui puisse se monstrer sans honte devant les Roys, et paroistre glorieux aux Palais des Princes : ausquels je suis plus cogneu de nom que de face, et par escrit que par demandes, n’y importunitez que je leur aye fait onques, comme celuy qui ne suis propre à courtiser, et qui ay meilleure grace en un estude, que parmy les hableurs et biendisans de leurs suites[74].
Il sait aussi mesurer la légèreté et la gravité relative des textes qu’il traduit : « ... ne feis conscience de desrober quelque heure de mes plus graves, et serieux estudes, pour les employer sur les Heures de Guicciardin... »[75] dit-il, avant d’insister sur le caractère divertissant de leur traduction[76]. Une crainte prétendue servira au contraire à valoriser son labeur, « chose si difficile, que si l’œuvre n’eut esté par autres esbauché, j’ay belle peur que dès le commencement le cœur me manquant, je n’eusse quitté la partie »[77].
De ces diverses expressions ressortent le « désir » et le « plaisir »[78], mais aussi « la peine, et travail du traducteur »[79], qu’il aime à souligner : « ... il y a desjà près de quatre ans que je ne fais que suer après ceste recerche... »[80]. On sait que cette peine peut se juger mal récompensée, comme le dira Jean Touchard au début de la Cosmographie :
Puis que la France ingrate à tant de bons espris
N’a point, Belle-Forest, donné, comme je pense,
A tes doctes labeurs la deue recompense :
Pourquoy de tant escrire es tu si fort espris ?[81]
On pourra donc lire en tête des Epistres familières de Cicéron[82] une page très plaintive, retirée des éditions postérieures au bénéfice d’une épître aux précepteurs ramenant l’ouvrage à son usage pédagogique par le public général.
Mais un signe plus puissant d’autorité réside dans la volonté de traduire : « cest autheur, que je fay parler François »[83], « l’autheur Espaignol dont j’ay pris le subject »[84], etc. Il importe à Belleforest de montrer que la traduction résulte de son libre-arbitre, fondé sur des motifs objectifs et de nobles intentions, saintes dans le cas de Louis de Grenade :
C’est pourquoy, Madame, voulant satisfaire à ce enquoy je me sens le redevable de vous et des vostres : et vous cognoissant telle que doit estre une bonne et Catholique Gentil-femme, aimant Dieu, honorant son S. Nom, meditant en sa loy nuict et jour, et taschant d’instruire vostre famille en la crainte d’iceluy, sans l’aide duquel nul bien est à estimer bon, et toute force n’est que foiblesse, je vous ay tourné de langue Castillane en François les Meditations d’un bon et sçavant religieux de l’ordre de S. Dominique[85]…
Ainsi, l’ouvrage qui nous est offert est réputé – ce n’est pas une mince marque d’autorité – procéder de la volonté du traducteur, volonté qui aurait été opportunément éveillée par la providence : « ... comme un livre Italien, portant nom et marque d’un bon guerrier me fust tombé en main, je taschay soudain à le traduire... »[86]. Et l’accident originel ne cesse de se répéter, pour les Heures de recreation[87], pour les Commentaires d’Ulloa[88], pour la Remonstrance de Léger Duchesne[89]... ; à la suite de quoi Belleforest aurait « pris complot de le traduire et le faire sortir en lumiere[90] ». Cette fiction n’a pas forcément de corrélation avec des circonstances réelles – on sait bien que l’Agriculture de Gallo, entre autres, est une commande[91] – mais l’intervention de la fortune qui inspire la volonté de traduire, si elle correspond parfois à une réalité de l’accès au livre[92], permet d’affirmer l’autonomie du traducteur dans le milieu éditorial en neutralisant la réalité d’une initiative humaine extérieure qui lui porterait ombrage.
Une autre forme d’expression de la volonté du traducteur, encore, est le choix qu’il opère parmi les livres qui seraient, donc, « tombés » entre ses mains. Les Harengues militaires préexistent, disséminées dans une foule de textes anciens ; mais leur titre, qui ose occulter le nom de l’auteur, indique que c’est Belleforest qui les a « Recueillies et faictes Françoyses »[93]. Il pourra ainsi se prévaloir de la sélection et mieux encore de la disposition, qui ne sont pas un moindre apanage d’auteur, car c’est une chose de « recueillir » et une autre de « faire », « illustrer » et « mettre en ordre », pour reprendre les mots éclairants des Discours memorables de plusieurs histoires tragiques[94], ou encore de « fueilleter » Bandello et d’« ageancer »[95] : ici, la cueillette sélective est un acte plus décisif encore, puisque c’est elle qui constitue les Histoires tragiques en genre en les distinguant de la diversité des Novelle, dont l’abandon déterminera leur transformation à partir du cinquième tome ; ultérieurement, leur disposition, qui résulte selon Michel Simonin du « souci de varier les sujets, d’opposer les caractères ou d’alterner les rythmes »[96], est également un fait d’auteur.
Signifié au seuil même de la traduction, le triple geste électif, sélectif et dédicatoire constitue l’autorité du traducteur face à celui qu’il aura par conséquent toute aise de nommer « mon auteur ».
Vient alors le moment où, par un pas supplémentaire, le traducteur se fait commentateur. Dans quelques cas on le voit se manifester sous la forme de notes techniques : dans la Cosmographie universelle[97], les Secrets de l’Agriculture de Gallo[98] ou les Sentences illustres[99]. Mais dans la quasi totalité de ses ouvrages, les tables et les index, qui lui sont imputables tout ou partie, ont pour effet, outre leur vocation instrumentale, de donner, ainsi que le suggère Daniel Ménager[100], une première lecture de l’œuvre.
Les manchettes, dont l’examen révèle qu’elles sont généralement de sa main, remplissent les diverses fonctions informatives qu’on leur connaît : soulignement d’un thème remarquable (« Qu’est ce qu’amitié »[101] ), renseignement historique (« Cestuy fut fils de Guillaume le Normand »[102]) ou ethnologique (« Pappardelle est de la paste frite avec du fourmage »[103]), indication d’une source (« Petrarque au triomphe de la mort »[104]), signalement d’une similitude (« Le mesme est dit de Saint Laurens »[105]). C’est, ainsi, une forme d’édition commentée que Belleforest décrit pour le Polydore Virgile : « ... l’ayant non seulement traduit, ains encor’ orné de plusieurs annotations, et des recerches des auteurs des escrits desquels il a tiré ses raccoltes... »[106].
Mais la traduction vire plus franchement au commentaire lorsque l’information se fait interprétation (« Il parle icy de la Fortune »[107]) ou explicitation d’une allusion (« Il parle icy de la mort de Julian de Medeci, pour l’amour duquel le Pape oublioit sa charge »[108]), lorsqu’au-delà encore, elle se fait leçon morale (« Tout Prince doit recognoistre ceux qui luy font service »[109]) ou jugement sur le fond dans un texte par ailleurs peu annoté (« Response indigne d’un homme de savoir »[110]) avant d’aller jusqu’à la critique explicite de l’original que nous observerons dans la Cosmographie.
La prolifération des commentaires – dans de nombreux cas, il n’est pas de page où ils n’apparaissent de manière bavarde – fait qu’il est impossible d’oublier fût-ce un instant la présence du traducteur dont les interventions péritextuelles jalonnent un discours auctorial déjà filtré par sa propre voix dans sa propre langue et configurent ainsi la page comme un territoire diversement partagé entre l’inventeur et celui qui ne devait être que le « Trucheman de l’histoire »[111].
L’ultime étape de cette affirmation est celle où le traducteur se fait auteur. À une extrémité de l’échelle de l’autorité, ces œuvres déjà nommées, dont le traducteur semble avoir disparu et où ne se fait entendre que la voix supposée de l’auteur. Lorsqu’il apparaît à divers degrés, il lui arrive, quels que soient les signes qu’il émet par ailleurs, de reconnaître sa subordination : « ... je vous offre icy une Agriculture sortant, non de ma main, qui ne suis si digne que d’estre apellé à un si saint estat, avec le reste de ce qu’il a pleu à Dieu me donner de graces, ains de la forge, et façon d’un bon vieillard Italien, qui n’escrit rien, que luy mesme n’aye pratiqué... »[112] Mais à l’autre extrémité de cette échelle se trouvent, sans parler des impostures que nous avons signalées, nombre de productions qui, renversant la hiérarchie commune, submergent la traduction sous l’invention en réduisant l’original à l’état de pré-texte, ce dont témoignent entre toutes la Cosmographie et les Histoires tragiques.
La première porte au titre ce que Frank Lestringant nomme une « restriction condescendante »[113] : « Auteur en partie MUNSTER, mais beaucoup plus augmentée, ornée et enrichie, par FRANÇOIS DE BELLE-FOREST, Comingeois... ». L’épître au lecteur cite Munster davantage comme un prédécesseur qu’il a fallu compléter et corriger que comme l’auteur de l’œuvre originale[114]. De fait, Belleforest, dont le faux titre répète qu’il l’a « Reveue de nouveau, et augmentée tant d’additions aux marges, que de diverses recollections de tous les pays, regions, peuples et nations... »[115], ajoute des informations et, on le sait, une partie entière. Mais, en s’adressant à un « Lecteur » explicitement désigné, il corrige également Munster, jusqu’à le reprendre parfois : « Ne desplaise aux ombres de Munster si en ce lieu je l’accuse de peu de diligence, et d’esgard du pays duquel il parle... »[116] ; et ces « gloses désobligeantes » dont parle le même Frank Lestringant ne manquent pas[117]. L’addition, l’amplification, l’annotation et le commentaire critique composent ici la figure magistrale d’un traducteur devenu auteur dans la concurrence de deux voix distinguées par un guillemetage très discrètement annoncé[118] : la Cosmographie universelle deviendra celle de François de Belleforest[119], bien loin de la vertueuse profession de respect du droit d’auteur qu’il prononce solennellement à la fin de la description de la France, dont il est le vrai auteur[120].
Si l’on omet les Histoires tragiques, dont nous avons assez parlé, pour lesquelles l’ensemble de la littérature critique atteste l’appropriation des Novelle et où l’on voit Belleforest substituer l’invention à la traduction à force d’amplifications, d’ajouts et d’abréviations[121], d’autres œuvres révèlent à divers degrés cette poussée d’autorité.
La Guerre des Juifs résulte d’une fusion de textes, même si leur couture est signalée par des manchettes :
David Kiber citoyen de Strasbourg, ayant trouvé un opuscule Hebrieu contenant un abrégé de l’Histoire Judaïque, le mit en Latin, lequel estant tombé entre mes mains j’ay tasché de le faire François, ... y adjoustant la plus grande partie de l’Histoire du Chrestien Egesippe : afin que ces deux unis ensemble, servent de plusgrand tesmoignage au lecteur pour la verité de l’Histoire de Josephe sur la ruine des Juifs[122].
A minima, quand bien même il suivrait l’original avec une relative fidélité, la porosité des tâches de traduction et d’invention incite le traducteur à revendiquer par le geste dédicatoire une autorité qui, pour une grande part, n’est pas la sienne comme dans les Harengues militaires, au prix d’un déplacement fallacieux :
... toutes-fois osé-je protester devant vostre excellence, que non Remigio, ains les originaux ont par moy esté suivis avec tel travail, qu’il y a desjà près de quatre ans que je ne fais que suer après ceste recerche. Et si je ne suis avancé ès lettres Grecques pour marquer de près les fautes qui sont és livres traduicts en Latin, si est-ce que j’ay esté si diligent, que les hommes de sçavoir m’ont aydé en cecy, et ont pour moy deffriché les terres sur lesquelles j’avoy à labourer. Et ainsi, MONSEIGNEUR, je vous consacre et dedie, non le labeur du Florentin, ains les veilles, travaux, diligence et service de Belle-Forest, lequel a travaillé si long temps pour la France, et qui veut finir ses jours en bien meritant de son pays[123]…
Mais le Polydore Virgile va plus loin dans l’affirmation d’un traducteur qui, dit-il, écrit « en langue vulgaire, pour eclercir les lettres à ceux de ma nation », jusqu’à ce que la mise en avant de « mes escrits »[124] autorise l’inversion les valeurs : « ... j’offre aussi ce peu qui est en moy à vos grandeurs, rareté, generosité, et excellence : je dis en moy estant le travail de la traduction plus penible beaucoup que celuy de nostre propre invention »[125]. S’il revient un instant à la louange de l’œuvre, c’est pour valoriser encore son propre labeur, contrariant la reconnaissance d’autorité dûment formulée au début de l’épître[126]. Il n’est finalement pas jusqu’à certains ouvrages auxquels Belleforest n’a que peu de part où il ne se laisse aller à quelque empiétement : simple annotateur de la Cité de Dieu, il se glisse dans la peau d’un auteur par une substantielle dédicace à Just-Louis de Tournon qui suit immédiatement l’épître au roi de Gentian Hervet ; cette concurrence peut s’expliquer par le fait que l’annotateur est en l’espèce un traducteur frustré que l’on voit insinuer l’idée d’une imposture :
Je suis marry qu’autre m’ait devancé en la traduction, non d’envie que je porte à ce bon et religieux Theologien qui a tourné ce livre, mais pour le desir que j’avoy de travailler en iceluy aussi bien, ou mieux que je pense avoir fait en S. Cyprian, duquel je pense que avant que soit long temps j’en feray voir la traduction toute entiere et parfaicte[127].
On a donc tout lieu de croire que pourrait s’inverser la hiérarchie primitive décrite par Luce Guillerm, hiérarchie « privilégiant l’œuvre originale, la mise en place d’une corrélation invention-propriété-liberté… et enfin l’évacuation de l’idée de ‘travail’, rejetée sur des opérations secondes, et secondaires, traduction, commentaires, interprétations… »[128] C’est dans le même mouvement que l’éloge des Heures de recreation promouvait la retraduction inverse et que la Continuation des Histoires tragiques, après avoir critiqué son style et à ce titre, comme on l’a vu, récusé l’appellation de « traduction » au profit de celle d’« embellissement », affirme que l’écrivain lombard n’a fait qu’emboîter les pas du « veritable historien François » ‒ entendez Commynes[129].
La concurrence dont nous sommes les témoins renvoie in fine à la question de la fides, non sous son angle technique, tenant à la conformité de l’elocutio, mais dans sa dimension morale, celle du lien d’autorité ; dans les termes de Sherry Simon, « L’enjeu essentiel du discours sur la traduction – et nous ajouterons, en l’occurrence, de sa pratique – devient la délimitation du pouvoir respectif de l’auteur et du traducteur »[130]. Nœud difficile à démêler dans un contexte où la translatio studii aussi bien que le régime contemporain de l’édition fera du traducteur tour à tour un translateur, un correcteur, un annotateur et un commentateur ; situation encore compliquée par la continuité qui, comme le montrent les Histoires prodigieuses et les Histoires tragiques, lie dans leur exécution les tâches de choix, de sélection, de disposition, de traduction et d’invention au point de produire, au pire, les impostures déjà mentionnées, au mieux, une œuvre authentique toute nourrie de traduction telle que la Pyrenée[131], à laquelle Du Verdier accorde l’honneur d’une longue citation[132]. Dès lors se trouve ébranlée, jusqu’à l’inversion parfois, la relation entre l’original et sa version, qui ne peut se satisfaire d’être un dérivé, plus ou moins « fidèle », de son hypertexte.
Tout au long d’une production aussi copieuse que diverse, Belleforest a observé une multiplicité de pratiques, se contentant cependant d’apporter, en acte et dans ses commentaires, des inflexions personnelles aux conceptions communes en son temps. Indifférent à la question de la fidélité, il se montre particulièrement sensible au rôle culturel et social du traducteur et négocie au cas par cas l’insoluble conflit d’autorité, parfois avec une audace étonnante. Sa volubilité de l’une à l’autre de ses œuvres témoigne à la fois des caractéristiques de chacune d’elles – en ce sens, il fait preuve d’une autre forme de « fidélité » – et de l’indéfinition d’un métier, pour reprendre Sherry Simon, « constitué d’une multiplicité de fonctions dont le caractère particulier est défini surtout par le type de texte en question »[133]. À l’exception des Histoires tragiques, où malgré les accidents qui l’affectent[134], la substitution de l’autorité se lit nettement dans le passage du syntagme « extraites de l’italien… et mises en langue françoise » à « traduites et enrichies outre l’invention de l’auteur », ne se dessine aucune évolution linéaire, qui ferait que du traducteur primitif se dégagerait un auteur de plein exercice. Aussi ce parcours erratique justifierait-il une histoire circonstanciée de son œuvre traduit ; il faudrait, pour la construire, relever une multiplicité de paramètres tenant aussi bien à l’identité de l’original et à sa réception contemporaine qu’aux circonstances publiques et particulières de sa traduction, de la rencontre avec le texte, de la commande éventuelle jusqu’à la publication, à la croisée de l’histoire du texte, de son histoire éditoriale et de l’histoire tout court. En dévoilant comment les modalités de traduction découlent de ces données par des effets de causalité complexe et quelle interprétation en donne le discours du traducteur et de ses accompagnateurs, cette histoire des traductions belleforestiennes décrirait avec précision ce que nous avons tenté d’esquisser : la concurrence entre traduction et invention qui travaille les textes ; Belleforest participe de la même histoire que son presqu’exact contemporain Jacques Amyot, telle que l’a étudiée Antoine Berman[135].
La masse exceptionnelle de sa production et la durée d’un exercice auquel le Commingeois consacre un quart de siècle et la moitié de sa vie en font en effet un objet idéal pour observer, à travers ces flux et ces reflux d’autorité, la tension qui oppose tout autant qu’elle les lie auteur et traducteur. L’alternance des traductions et des œuvres en nom propre, leur intrication même, parfaitement montrées par son biographe[136], la fragilité de la distinction entre invention et traduction affirmée dès sa première réception[137] pourraient même autoriser l’inversion des deux termes le qualifiant traditionnellement : Belleforest traducteur et auteur, plutôt qu’écrivain et traducteur. Voire, au titre d’« écrivain professionnel »[138] que lui donne encore Michel Simonin, nous pourrions préférer celui si simple de lettré, ou d’« augmentateur » des textes qui « tombent » entre ses mains.
Son œuvre atteste en tous cas, chez celui qui ne parviendra pas à se faire reconnaître par des vers « qui ne passeront jamais que pour de la prose assez mal rimée »[139], d’un puissant désir d’écriture, d’un puissant désir d’être auteur et, en dépit du pessimisme foncier qui hante les Histoires tragiques et dont Witold K. Pietrzak a montré l’aggravation au fil du temps[140], du dynamisme de son écriture et de la foi profonde qu’il a en sa propre vocation auctoriale, jamais vraiment réalisée.
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