ACTA UNIVERSITATIS LODZIENSIS
Folia Litteraria Romanica 18, 2023
https://doi.org/10.18778/1505-9065.18.07

Annabelle Seoane* Orcid

CREM, Université de Lorraine


Marie Chagnoux* Orcid

CEMTI, Université Paris 8

Les « larmes de rage » de l’émotion collective après les attentats du 13 novembre 2015 : la citation en discours direct dans les titres de presse

RÉSUMÉ

Loin des principes de neutralité et d’objectivité habituellement cultivés par les médias, les émotions peuvent être au cœur même d’articles de presse quand elles relèvent à la fois du sujet et du traitement qui en est fait. Cette question de la saillance des émotions face à l’actualité a été particulièrement notable lors des attentats qui ont affectés Paris en 2015. Nous analyserons ici ce phénomène à l’œuvre dans les titres d’articles publiés le 14 novembre, au lendemain de ces événements, quand l’information se cristallisait dans la stupeur, l’horreur et l’effroi. Nous montrerons comment l’utilisation du discours direct, en rapportant la parole de victimes, de soignants, de témoins ou de simples citoyens, a permis de construire une mosaïque émotionnelle collective, éminemment nécessaire pour appréhender la douleur avant l’étape du deuil et de la compréhension des événements qui venaient de se dérouler.

MOTS-CLÉS — discours direct, émotions, presse, attentat

The “Tears of Rage” of Collective Emotion after the Attacks of November 13, 2015: The Quote in Direct Speech in Press Titles

SUMMARY

Far from the concepts of neutrality and objectivity that media erect and maintain into principles, emotions can be at the very heart of press articles when they are disseminated both from the subject and from the treatment that is made of it. This question of the salience of emotions facing the news was particularly strong during the attacks that hit Paris in 2015. We propose here to analyse this phenomenon at work in the titles of articles published on November 14, i.e. the day after these events, when the information was crystallising into amazement, horror, and dread. We will show how the use of direct speech – by reporting the testimony of victims, caregivers, witnesses or ordinary citizens – allows journalists to build a collective emotional mosaic. This emotional and emphatic journalism appears as a necessary step to apprehend pain before the following steps of mourning and understanding of the events that had just unfolded.

KEYWORDS — direct speech, emotions, press, attack


Introduction

« Attentats à Paris : les ‟larmes de rage” du monde de la culture », ainsi titrait le journal Le Figaro un de ces articles au lendemain des attentats du 13 novembre 2015 en Ile-de-France. Cette question de la saillance des émotions face à l’actualité dans la presse et en particulier dans les titres de presse sera ici la clef de voûte de notre réflexion en analyse du discours. Les émotions constituent en effet un point central dans les travaux sur les médias aujourd’hui, tant en sciences du langage qu’en sciences de l’information et de la communication.

Dans une perspective aristotélicienne, Patrick Charaudeau (2006) explique que le contrat médiatique qui enjoint au journaliste d’adopter un principe de distance et de neutralité n’est pas toujours respecté dans la mesure où les affects socialisés, comme celui de la dramatisation, représentent le meilleur moyen de satisfaire l’enjeu de captation au cœur du dispositif. Les discours de victimisation ou d’héroïsation, caractérisés notamment par la large place accordée au discours direct et aux témoignages, invitent ainsi à se projeter ou à s’identifier de manière empathique : « [l]ecteur, auditeur ou téléspectateur se trouvent alors dans la position de devoir entrer dans une relation compassionnelle, relation compassionnelle vis-à-vis des victimes ». Ce contexte, déjà éprouvé par la presse, en janvier 2015 lors des attentats dits « contre Charlie Hebdo » et qui visaient une équipe de journalistes engagés dans une production satirique, a pris une ampleur particulière quelques mois plus tard, lors des attentats de novembre 2015. Pendant le déroulé des attaques puis dans les jours qui ont suivi, le modèle socio-communicationnel qui sous-tend la routine du discours journalistique a été fortement ébranlé, l’information disponible étant inversement proportionnelle à la frénétique activité de consultation des médias. Ont émergé alors des phénomènes médiatiques et langagiers qui attestaient de la dimension exceptionnelle de l’événement comme de sa portée nationale et fédératrice.

Nous nous proposons ici, à travers une analyse des titres de la presse du 14 novembre 2015, au lendemain des attentats de Paris et du Stade de France, d’étudier ces phénomènes. Notre perspective s’ancre dans un champ pluridisciplinaire fécond en sciences humaines et sociales depuis les attentats du 11 septembre 2001 à New-York et qui porte sur l’étude des narrations des attentats en tant que vecteurs privilégiés de représentations sociales (Ramel, 2004 ; Sécail, 2016 ; Landivar, Ramillien et Dell’omodarme, 2016 ; Truc, Le Bart et Née, 2018). Il peut notamment s’agir de questionner la mise en récit de l’événement (Lefébure, Roche et Sécail, 2018 ; Niemeyer, 2016), par la mise en scène du dit rapporté dans et par la presse (Peynaud, 2011 ; Florea, 2013 ; Largier Vié, 2019), ou en analysant l’importance de la consultation des médias dans la représentation personnelle ou collective d’un attentat (Chagnoux et Seoane, 2022).

Ce travail s’inscrit dans le cadre du projet CPER-Ariane Terr-Est[1], « Témoignages, Terrorisme et Région Grand Est », au cours duquel nous avions mené la collecte et le traitement d’un corpus issu de la presse quotidienne régionale (Républicain Lorrain, DNA et L’Union) ayant trait aux attentats depuis 2015 en France en relation directe avec la région. Ce corpus a par la suite été augmenté par des articles de la presse quotidienne nationale pour documenter le traitement médiatique opéré lors des jours qui ont suivi les événements. Le tableau qui suit indique les abréviations qui seront utilisées par la suite pour référer à chaque média.


Tableau 1. Les abréviations

AFP Infos Mondiales AIM Le Monde LM
AFP Infos Economiques AIE L’Est Républicain LER
Le Figaro LE Le Télégramme LT
Centre Presse Aveyron CPA Libération L
La Charente Libre LCL L’indépendant LI
La voix du Nord LVDN Midi Libre ML
La République des Pyrénées LRDP Ouest France OF
Le Bien public LBP Presse Océan PO
Le Parisien LP Sud Ouest SO
Le Progrès LPr

1. Éprouver et faire sens : le titre comme lieu de captation émotionnelle

Pour la présente analyse, nous avons fait le choix de restreindre notre corpus aux seuls titres du 14 novembre. Nous reviendrons plus loin sur la question du bornage temporel de ce corpus pour nous consacrer dans cette première partie à la spécificité stylistique des titres de presse ce jour-là. Ils semblent en effet fortement cristalliser des dynamiques à l’œuvre de manière plus diffuse dans les corps des articles. Nous avons ainsi retenu 203 titres pour cette analyse en nous appuyant sur deux présupposés que sont (i) leur expressivité informationnelle et (ii) leur fonction référentielle.

L’expressivité informationnelle est structurelle : segment bref, contraint génériquement, le titre journalistique est un espace scriptural relativement ritualisé avec une structure informationnelle ancrée dans du cotextuel et du situationnel et une fonction communicationnelle de captation. Particulièrement dans les discours de presse, le titre est un élément de cadrage (Charolles, 1997) cataphorique de chaque article, avec une composition monosegmentale ou « bisegmentale » (Bosredon et Tamba, 1992) des énoncés. L’articulation entre un amont et un aval que constitue le corps de l’article de presse répond à un jeu référentiel et discursif complexe entre le locuteur qui a opéré le choix du segment-titre et le lecteur qui doit produire un saut interprétatif entre le cadre du journal, le titre de presse et l’article, ce qui soulève alors la question de la référence à construire. Selon Mathilde Salles (2016 : §2), leur structure informationnelle permet ainsi d’expliquer le choix de leurs expressions référentielles. Or, au lendemain de ces attentats franciliens, chaque lecteur connaît et anticipe le contenu de l’article : tous les titres renvoient de fait à un référent événementiel connu, l’objectif n’est alors pas tant de poser une « accessibilité référentielle » pour « activer une représentation mentale du référent » chez le lecteur (Salles, 2016) mais bien de réactiver ce référent en enclenchant une lecture interdiscursive dans ce contexte de choc national. Explicité ou non, chaque antécédent s’interprète dans le cadre référentiel de ces attaques terroristes et ne peut donc être qu’aisément identifiable, même lorsqu’a priori, il aurait pu s’avérer opaque sémantiquement. Ainsi, même si la source locutive ou référentielle n’est pas énoncée, le lecteur la reconstruit spontanément par inférence : « Des rafales pendant 40 secondes » (LP-AEF[2]), « Des gens allongés par terre » (id.) sont immédiatement instanciés dans le cadre narratif du Bataclan et peuvent faire l’économie d’une construction bisegmentale qui préciserait le contexte dans le titre comme dans « « Récit. Au Bataclan, ‟j’ai entendu comme des pétards, j’ai pensé que ça faisait partie du show” » (L) ou « Bataclan : ‟Trois personnes ont commencé à tirer dans la foule à l’aveugle” » (L).

La focalisation exclusive des médias sur cette actualité macabre au lendemain des attentats génère une très forte intertextualité entre les articles inter- et inframédias. Lors de sa consultation, le lecteur n’est plus dans la traditionnelle quête d’information contextualisée et documentée, mais dans la recherche, parfois en parallèle sur différents médias, d’un nouveau point de vue, d’un nouvel angle pour appréhender des événements qu’il connait pourtant déjà. Comme ces événements ont provoqué des vagues d’émotions extrêmement fortes à travers le monde, la frénésie de consultation médiatique du public exprime ce besoin de lire et relire le récit des mêmes scènes, racontées par d’autres voix, d’autres sensibilités, d’autres « mises en récit » (Baroni, 2018), comme si la répétition participait pleinement du processus de conscientisation. Tout nouveau document consulté participe d’un même objet médiatique dont il n’est qu’une nouvelle facette. La lecture se fait alors en écho d’un titre à l’autre, parfois au sein d’un même journal qui propose plusieurs articles sur ces événements dans une même édition ou tout au long de la journée, comme cette suite de titres sur le site LeMonde.fr :

à 1h42 : « J’ai marché sur des corps, il y avait du sang. Dans la rue, il y avait des morts »
à 2h22 : Fusillade au Bataclan « Le but c’était d’attendre et de faire le mort »
à 5h25 : « La totalité des intervenants ont été neutralisés au Bataclan »
à 5h45 : Attaque du Bataclan « Ils tiraient au hasard » raconte un témoin
à 8h38 : Attaques à Paris « J’ai senti comme un pétard qui explosait dans mon bras »
à 9h20 : Attaques à Paris « Du sang partout des cadavres au Bataclan »
à 9h33 : Attaque au Bataclan « Le terroriste était assez calme » témoigne un rescapé
à 10h08 : « Cette nuit la ville aussi ils l’ont tuée »
à 20h56 : A Charlie « on pensait avoir touché le fond mais non… »

Les énoncés en titre finissent ainsi par se combiner les uns aux autres pour construire en résonance un nouveau matériau textuel complexe, avec une cohérence propre et indépendante de la lecture des articles qu’ils annoncent. Ceci est amplifié par le fait que de nombreux articles sont titrés à l’aide de la citation d’une victime, d’un témoin ou d’un sauveteur, comme dans les extraits [1], ce qui procure un effet de reconstruction en mosaïque de ces événements à travers ces titres de presse :

[1] a. « Les rafales ne s’arrêtaient jamais » (DNA)
b. « Le mec derrière moi avait une balle dans le ventre » (AEF)
c. « Des gens jetaient des draps depuis leurs fenêtres pour qu’on puisse recouvrir les corps » (LF)
d. « Les pompiers nous ont expliqué par téléphone comment soigner un blessé » (L)

Du point de vue structurel, la parole témoignante occupe souvent tout l’espace énonciatif du titre lorsqu’elle est anonyme mais attribuable à une victime directe ou bien elle se trouve localisée dans le deuxième segment du titre si celui-ci est bisegmental comme dans les extraits suivants :

[2] a. Au Bataclan : « j’ai entendu comme des pétards je pensais que ça faisait partie du show » (L)
b. Au Bataclan : « Tout le monde s’est jeté à terre » (L’Est Républicain)
c. Dans un hôpital parisien : « je n’ai jamais été confronté à ça » (LRDP)
[3] a. Djibril Cissé : « j’aurais pu prendre une balle » (LF)
b. Anne Hidalgo : « Ce soir c’est le moment de la douleur, mais Paris est là, debout » (LM)

Le premier segment a alors pour fonction de situer la parole témoignant du point de vue locutif [extraits 2] ou spatial [extraits 3]. Les deux points agissent comme ponctuants d’explicitation, mais ils acquièrent ici également une autre fonction, celle de séparer syntaxiquement deux segments, celui de l’énonciateur-source (ou du paradigme dans lequel il s’inscrit, comme « attentats de Paris : ») et celui de l’énoncé rapporté qui va apporter la dimension affective. En segmentant ainsi le titre en deux, les deux points montrent sémiotiquement une rupture énonciative entre des éléments informatifs et un contenu toujours fortement émotionnel.

Du point de vue thématique et lexical, ces titres se distinguent de ceux des 13 et 15 novembre. En effet, le 13, en soirée, alors que les événements sont encore en cours de déroulement, les titres sont uniquement informatifs [4], quant à ceux du 15, s’ils continuent à explorer la veine émotionnelle, ils commencent à se consacrer aux étapes suivantes que sont le deuil [5] ou la riposte [6].

[4] a. Au moins 18 morts dans plusieurs fusillades et explosions à Paris (LU)
b. Fusillades meutrières à Paris (L)
[5] a. Un silence vibrant à Baroncourt tué (LRL)
b. Rassemblement silencieux ce lundi à Sarrebourg (LRL)
[6] a. Ismaël Omar Mostefaï, l’un des kamikazes français du Bataclan (LM)
b. La Belgique, base arrière des djihadistes européens (LM)

Ainsi, entre découverte des événements du 13 et premières analyses le 15, les titres du 14 novembre correspondent à cette étape de sidération émotionnelle évoquée par Lits et Desterbecq (2017 : 183) dans leur analyse consacrée aux attentats du 11 septembre 2001 et dans laquelle ils montrent comment surgit l’émotion « [d]ans l’emploi d’un vocabulaire émotionnel de la part des journalistes en plateau, saisis eux-mêmes par le choc de l’événement, et dépourvus de tout élément explicatif ». Les titres analysés ici illustrent parfaitement cette posture du journaliste, « saisi par le choc » et qui, « dépourvu », ne peut que concaténer à la manière d’un impressionniste la parole des victimes, des témoins et des héros pour mieux appréhender la portée de ce qui vient de se dérouler.

2. Redire et faire dire : le prisme polysémique comme mosaïque émotionnelle collective

Revenons à présent sur l’importance du jeu prismatique des nombreux points de vue mobilisés (au sens de Rabatel, 2005)[3] par le recours au discours direct. Nous fondons ici nos observations en particulier sur le travail de Céline Largier Vié (2019) concernant l’usage de la citation en discours direct (DD) identifiable par les guillemets et qui pose la « constitution d’un espace interactionnel » (id. : 263) et s’ancre ainsi, ajoutons-nous pour ce corpus spécifique, dans une polyphonie convergente (Bonhomme, 2005).

2.1. Les quatre fonctions de la citation en discours direct

La part importante des DD dans les titres de ce corpus, presque la moitié des énoncés, souligne la spécificité de ce dispositif ici pour à la fois témoigner d’un ressenti individuel et permettre de faire émerger une émotion partagée collectivement. Le graphique suivant montre la part et les formes de ces DD.

Figure 1. Part de l’utilisation de DD dans les titres

La citation en DD revêt plusieurs fonctions discursives. La première concerne la structuration du discours qui permet au locuteur de citer des propos avec lesquels il est d’accord ou non. La seconde fonction consiste en la consolidation du support de positionnement qui est la fonction à partir de laquelle la citation en DD « permet également de rendre au mieux visibles les éléments sur lesquels le locuteur se focalise » (Largier Vié, 2019 : 272) comme dans les titres [7].

[7] a. Les « larmes de rage » du monde de la culture (LF)
b. Une attaque « complexe » inédite sur le sol français (LM)
c. Au balcon du Bataclan, David, « impuissant » et en « rage » (LRDeP)

La troisième fonction est celle de « l’étayage par renforcement d’une position assertive ou argumentative ; ce type de citation relève de l’argument par l’autorité d’un tiers cité » (id.) comme dans les titres [8].

[8] a. François Hollande : « Nous savons d’où vient l’attaque, qui sont ces terroristes » (L)
b. Anne Hidalgo : « Ce soir c’est le moment de la douleur mais Paris est là debout » (LM)
c. Pour Obama les attaques de Paris « frappent toute l’humanité » (LM)

La quatrième fonction consiste en la fonction d’information car en répétant « des éléments discursifs, généralement prélevés à l’extérieur [de la citation en DD] dans le but de révéler un état de connaissance relatif à un objet donné » (Largier Vié, 2019 : 271), le discours direct permet de retranscrire des articles de journaux ou des billets publiés sur des sites d’information [9].

[9] a. Bataclan : « Trois personnes ont commencé à tirer dans la foule à l’aveugle » (L)
b. Tuerie du Bataclan : « une marée de sang dans toute la fosse » (LRDP)
c. A l’hôpital Lariboisière « c’était de la chirurgie de guerre » (LM)

2.2. L’usage des guillemets

Ces exemples soulignent le rôle nodal de la parole témoignante dans ces titres, qu’elle soit anonymisée ou attribuée à une figure d’autorité, politique (François Hollande, Président de la République, Anne Hidalgo, maire de Paris, François Molins, procureur de la République, ou à l’étranger, Barack Obama, alors Président des Etats-Unis), attribuable à un rescapé ou à un témoin direct des événements. Or dans ce corpus, l’énonciateur institutionnel ou politique est minoritaire, il s’agit le plus souvent d’énonciateurs ayant été en contact direct ou indirect avec l’événement. Les guillemets signalent ainsi parfois les propos d’un « témoin » direct, d’un « rescapé » [10] d’un voisin plus ou moins célèbre du quartier du Bataclan [11], d’un énonciateur institutionnel ou politique [12].

[10] a. « Témoignage : ‟Les pompiers nous ont expliqué par téléphone comment soigner un blessé” » (L)
b. « Attaque au Bataclan : ”Le terroriste était assez calme” témoigne un rescapé » (LM)
c. « Au balcon du Bataclan, David, ‟impuissant” et en ‟rage” » (LRDP)
[11] « Djibril [Cissé, footballeur] : ‟J’aurais pu prendre une balle” » (LF)
[12] « François Hollande : ‟Nous allons mener le combat, il sera impitoyable” » (LM)

Les guillemets renvoient parfois à un énonciateur dont le statut de témoin n’est pas explicité, lui aussi source d’un discours cité (« ‟J’ai marché sur des corps, il y avait du sang. Dans la rue, il y avait des morts” », LM), « ‟Des rafales pendant 40 secondes” », AEF) ou à un énonciateur porteur d’un discours cité dont l’identité reste en suspens dans le titre mais est développée dans l’article (« ‟C’est comme Charlie Hebdo...” », LP, « Les ‟larmes de rage du monde de la culture” », LF). Ces citations sont parfois retravaillées, comme dans le titre « ‟Les pompiers nous ont expliqué par téléphone comment soigner un blessé” » de Libération qui est en fait réécrit à partir d’une citation donnée plus extenso dans le corps de l’article : « Les pompiers nous ont expliqué par téléphone comment faire des points de compression des deux côtés. ». Le titre comme aphorisation repose ici alors sur un retravail du journaliste, ce n’est pas un simple copié-collé d’une citation initiale.

2.3. Vers une mosaïque polyphonique

Ces énoncés thétiques avec citation permettent de faire sens après les attentats en reconstruisant les événements de la veille par la mobilisation de différentes voix énonciatives. Se dessine ainsi peu à peu une mosaïque polyphonique des points de vue engagés, attribués explicitement ou non, mais qui font émerger deux perspectives narratives : celle d’éprouver et de faire éprouver (dimension pathémique), et celle de faire sens après les événements (dimension rationnalisante). Chacun de ces titres va alors rendre compte d’un « récit informatif » ou d’un « récit immersif » (Baroni, 2018). Pour les « récits informatifs », « la configuration narrative vise à ordonner le passé d’un point de vue rétrospectif, à établir les faits et à associer les événements à des cadres interprétatifs qui les rendent compréhensibles : causalité, stéréotype, jugement axiologique, exemplarité, etc. », tandis que pour les récits dits « immersifs », « l’intrigue est conçue dans le but d’immerger le lecteur dans une expérience simulée et de nouer une tension orientée vers un dénouement éventuel. Il s’agit de construire une expérience esthétique fondée sur le suspense, la curiosité ou la surprise, ce qui implique que la compréhension globale des événements est stratégiquement retardée ou définitivement empêchée » (Baroni, 2018 : 114).

Le même journal peut ainsi opérer des oscillations intertextuelles (entre différents articles du même journal ou entre plusieurs journaux) entre récits informatifs et immersifs qui reposent sur une variation polyphonique des énonciateurs mobilisés à travers l’angle des différentes sphères d’activité (sphère médicale, politique, médiatique, culturelle, de la sécurité…), l’angle des différents locuteurs institutionnels et l’angle des différents points de vue mis en œuvre. Le recours massif à des énoncés rapportés issus de témoignages de victimes témoins direct, de primo-arrivants (policiers, pompiers, soignants), de locuteurs institutionnels, de voisins du quartier du Bataclan, de célébrités issues de la culture et du sport contribue à l’alternance de titres objectivants et de titres plus ouvertement subjectifs. Comme le souligne Agata Jackiewicz (2011 : 12), « les pratiques citationnelles servent principalement à rendre compte des interactions qui s’opèrent dans et à travers l’activité linguistique des sujets communicants. Et cela d’une manière doublement responsable : […] en mettant en évidence leurs aspects saillants [et les] rapports intersubjectifs ». Ces rapports intersubjectifs contribuent, c’est notre hypothèse ici, à co-construire un élan émotionnel collectif en posant un prisme polyphonique par les citations en discours direct. L’accumulation de ces DD de témoins directs met en place cette mise en récit globale des événements évoquée plus haut avec le classement chronologique des titres du Monde.

Cette mise en récit s’opère notamment par l’alternance de passé composé et d’imparfait, et l’alternance d’énoncés descriptifs (« Des gens allongés par terre » (AEF)) et d’énoncés d’une action processuelle (« Au Bataclan, les assaillants parlent de la Syrie et ‟tirent” » (LRDP)) ou résultative (« On a réussi à s’enfuir. Il y avait du sang partout » (LF)). Le recours à des verbes à l’accompli relève selon Raphaël Baroni du cadrage générique du compte-rendu, pour lequel la linéarité événementielle tend à disparaître derrière une non-linéarité narrative :

Dans le compte rendu, le temps des verbes qui se rattachent aux événements de la veille sont majoritairement énoncés au passé composé (« se sont fait exploser », « a pu identifier », « ont pénétré », « ont déclenchées », « a été tué », « se sont appliqués »), parfois associés à des imparfaits d’arrière-plan ou marquant la simultanéité du procès (« ces derniers portaient des ceintures d’explosifs », « ceux qui tentaient de fuir »). Ce choix dans les tiroirs verbaux insiste surtout sur le caractère accompli des actions, plutôt que sur leur développement linéaire. (Baroni, 2018 : 119).

Il s’agit là en effet de répondre à une logique du flux d’actualité dans lequel s’insère le discours journalistique avec un « agencement narratif temporel » (id. : 120) spécifique. Le déroulement des attaques n’apparaît qu’en creux dans l’accumulation des titres, et ce qui prévaut, c’est moins la chronologie des événements que leurs résultantes : le sang, l’émotion, les témoins qui courent de panique etc. La répétition de ce procédé d’aphorisation (Maingueneau, 2012) d’un énoncé par la mise en saillance d’un DD dans le titre permet de créer un « dire incarné [qui] met en scène les rapports entre langage et vie » (Prak-Derrington, 2021 : 346).

En ancrant ainsi ces énoncés dans une dimension expérientielle, cette opération de « discours représenté » ou « représentation du discours autre » (Authier-Revuz, 2004) permet une « référence au sensible contenu dans ‟re-présenter” au sens de ‟rendre présent” » (Prak-Derrington, 2021 : 347). Le récit médiatisé oscille alors entre « récit informatif » et « récit immersif », comme si la multiplicité de ces énoncés rapportés aphorisés en titre témoignaient de la convergence en un lieu et à un moment de « plusieurs destins entrecroisés » (pour reprendre l’expression de Raphaël Baroni, id. : 124).

2.4. Un fonctionnement incrémental

De l’ensemble de ces énoncés émerge un fonctionnement incrémental, à la fois local et global : « il s’agit d’enrichir leur représentation du terrain commun avec les détails d’une séquence dont ils connaissaient l’existence […] l’information augmente par touches successives. Le terrain commun s’enrichit au fur et à mesure de ces échos signifiants » (Danino, 2019 : 283). Faire écho à d’autres énoncés circulants synchroniquement permet de co-construire un réseau commun partagé de représentations autour de cette mise en récit structurellement et énonciativement polyphonique, « la mémoire échoïque du discours » (id. : 284). En reconstituant les événements fait par fait, témoignage par témoignage, ce fonctionnement incrémental devient facteur de cohésion discursive et de cohérence interdiscursive. Le lecteur accède à une mise en récit en construction et il peut alors entrer en résonnance avec une émotion collective qu’il découvre et qu’il partage. Or,

pour qu’une émotion soit collective, il faut donc que plusieurs individus soient émus par la même chose […] et que cette émotion soit ensuite partagée et exprimée au travers d’opérations et de gestes rituels, de sorte qu’elle gagne un statut public. Ce partage et cette expression publique génère un effet démultiplicateur qui dote l’émotion collective d’une force et d’une portée qui lui sont propres, dépassant celles qui découleraient de la simple addition d’émotions individuelles (Truc, 2020 : 102).

3. Sentir et faire ressentir : l’émotion comme connaissance, postulat du journalisme d’empathie

Le rôle du travail journalistique dans cette construction collective de l’émotion est primordial puisqu’il s’agit de faire ressentir, l’émotion partagée devient alors fondement et postulat d’un journalisme dit d’empathie, comme nous allons le montrer.

Jacques Cosnier (1997) explique comment la synchronisation collective et la force d’entraînement émotionnel des affects les plus prégnants et communicatifs, comme la colère, la peur et la tristesse, permettent aux médias de générer une communauté d’affects essentielle à la cohésion sociale en diffusant des « représentations qui alimentent quotidiennement la plate-forme communicative commune de populations entières ». Les témoignages mis en scène par le procédé du discours direct créent un double paradigme : un paradigme d’identification pathémique et un paradigme d’authentification empathique. Nous empruntons la notion de « paradigme d’authentification » à Lefébure, Roche et Sécail (2018 : 69). A un événement disruptif vient alors répondre au lendemain des attentats un consensus médiatique (Truc, Le Bart, Née, 2018 : 13) par la concordance de ces témoignages pour dire l’horreur et l’émotion avec une certaine homogénéité des réactions, au moins dans un tout premier temps. S’instaure ainsi une forme de « partage du deuil » amplifié par le partage des portraits dans les réseaux socionumériques (phénomène analysé par Niemeyer, 2018 : 70). Chaque récit individuel s’inscrit dans un commun reconstitué (id. : 72) et participe à une « posture de deuil » (Bazin, 2018 : 88) collective : « il s’agit alors d’identifier les marques de subjectivité qui relèveraient d’une ‟information-émotion” » (id. : 89). La répétition de ces énoncés en DD relève de ce dispositif et témoigne d’un « journalisme d’empathie » (Niemeyer, 2018 : 67), participant à la « construction médiatique du ‟peuple-émotion” » (Bazin, 2018 : 75-76) ou d’un « peuple en larmes » (Truc, Le Bart, Née, 2018 : 12).

Ce journalisme d’empathie apparait caractéristique du traitement médiatique de ces attentats aveugles qui inscrivent tout citoyen, et donc le journaliste aussi, dans une vulnérabilité à laquelle il ne peut échapper. « Lorsque l’événement qui surgit est en lui-même chargé d’affects, il générera d’autant plus d’émotion et sensation » précisent Dubied et Lits (1997) évoquant la charge affective inhérente à l’événement qui se reportent sur ses narrations. Ce phénomène sera abordé d’abord du point de vue lexical puis énonciatif.

3.1. Le point de vue lexical

Du point de vue lexical, la charge émotionnelle se traduit dans le choix des syntagmes utilisés pour désigner les attentats en les inscrivant dans un contexte de guerre, phénomène déjà identifié au moment des attentats du 11 septembre [13]. Après les termes de fusillades et explosions utilisés le 13 novembre, les titres vont finalement stabiliser la désignation des événements par ceux d’attaque(s)[4] ou d’attentats tandis que certains termes comme carnage, massacre ou tuerie [14] relèvent déjà d’une intensification de l’interprétation émotionnelle :

[13] a. Une nuit de guerre à Paris, en images (LM)
b. La guerre est dans la capitale
[14] a. Carnage à Paris (LP)
b. Massacre terroriste en plein Paris (AEF)
c. Tuerie du Bataclan : ‟une marée de sang dans toute la fosse” (SO)

Mais celle-ci est davantage à l’œuvre dans les adjectifs qui vont être accolés à ces syntagmes [15] et qui traduisent un ethos personnel débordant les ethos journalistiques ou éditoriaux, pour reprendre les distinctions proposées par Dominique Maingueneau (2014).

[15] a. Paris cible d’un effroyable carnage Paris compte ses morts (LER)
b. Monstrueuse tuerie (LML)

Ces segments énonciatifs ne relèvent pas du discours direct mais d’une prise en charge énonciative et modale du journaliste qui se départit de cette manière d’une posture neutre et distanciée routinière de sa pratique professionnelle. A cet égard, certains de ces titres ne sont porteurs que d’éléments émotionnels comme [16] attestant par-là que la dimension exceptionnelle de l’événement n’est pas tant dans son déroulé que dans les réactions qu’il suscite, l’information n’est plus dans ce qui s’est passé mais dans le sentiment engendré par le déroulé. Les termes d’horreur et d’effroi reviennent régulièrement, l’effet dramatique étant accentué par la concision du titre, comme si rien d’autre ne devait être dit que ce seul sentiment.

[16] a. La peur, l’effroi, l’émotion (LRL)
b. L’effroi (LER)
c. L’effroi et le sang-froid (LM)
d. Récit. A Paris, l’horreur (L)
e. Devant le Bataclan, l’émotion et l’horreur après la ‟boucherie” (LRP)

Ce champ lexical de l’effroi est tellement présent qu’il en vient à contaminer même les informations positives tel qu’en atteste l’exemple [17] documentant l’initiative spontanée des Parisiens à accueillir ceux qui le souhaitent à l’aide du hashtag #PorteOUverte.

[17] Pendant les attaques de Paris, un foudroyant mouvement de solidarité (Libération)

Comme le commente LRDP, « [a]près les attentats de Paris, l’heure est au bilan et à l’émotion » (LRDP), cette distinction entre le bilan et l’émotion passent par le choix des termes qui opère dès le titre une opposition entre les articles informatifs et les articles immersifs. Les articles informatifs font montre d’une sobriété qui contraste avec les effets stylistiques des titres évoqués plus haut, principalement dans une perspective de traitement de données existantes (cartes ou déroulées chronologique) [18] ou de discours procédural d’actualité [19] :

[18] a. Les attaques de la nuit du 13 novembre, heure par heure
b. Les attaques du 13 novembre 2015 sont sans précédent en France
c. Carte. Les lieux des fusillades à Paris
[19] a. Attaques à Paris : comment chercher vos proches[5] portés disparus et où trouver de l’aide
b. Attentats à Paris : que faire en cas de recherche d’un proche ?

Enfin, comme lors des attentats du 11 septembre à New-York (Lits et Desterbec, 2017 : 183), ces titres illustrent le détour fictionnel pour dire l’indicible : les métaphores journalistiques inscrivent l’événement dans des univers fictionnels, tantôt pour dire que la réalité dépasse la fiction, tantôt pour l’inscrire dans ces imaginaires [C]. Ainsi [20.a] reprend le titre d’un angoissant thriller de 1975, [20.b] celui d’un film catastrophe de 2004 et [20.c] pourrait s’interpréter comme une variante de Nuit et Brouillard.

[20] a. Peur sur la ville (DNA)
b. Le jour d’après, le syndrome du survivant (LF)
c. Marche et lumières à Woefling (RL)

3.2. Le point de vue énonciatif

Le cadrage fictionnel va aider à la cristallisation d’une expérience subjective, portée énonciativement par un « je » explicite qui a vécu les attentats en témoin direct [21]. Une focalisation d’un point de vue de l’intérieur, qui correspondrait au narrateur intradiégétique [22] ou par le pronom « on », inclusif [23] est posée :

[21] « J’ai marché sur des corps, il y avait du sang. Dans la rue, il y avait des morts » ou « J’ai senti comme un pétard qui explosait dans mon bras » (LM).
[22] « Du sang partout des cadavres au Bataclan » (LM)
[23] « A Charlie ‟on pensait avoir touché le fond” mais non… » (LM).

Ces mécanismes rapprochent ainsi des logiques du journalisme immersif qui, en utilisant les technologies de réalité virtuelle (VR), consacre l’émotion comme connaissance immédiate du réel (Ferjoux et Roper Dupont, 2020 : 4) : « [l]’affectivité ressentie par procuration tiendrait ainsi lieu d’information, car, en étant en prise directe avec le réel, le participant percevrait la réalité d’une situation dans une forme d’accès direct, brut, aux faits. »

L’immersion passe ici par la mobilisation d’énonciateurs divers pour livrer des témoignages directs ou de primo-arrivants, de voisins du quartier (célèbres ou non), issus de sphères professionnelles différentes. Cette mobilisation en mosaïque contribue à créer un sentiment collectif de stupeur, de tristesse et de peur, évitant au passage un effet de redite par la mise en place d’un discours commun énonciativement polyphonique.

Conclusion

Les représentations et émotions partagées se mettent en place sous forme prismatique. Si ces aphorisations de témoignages relèvent de ce que Raphael Micheli (2010, 2013) appelle une « émotion montrée », d’autres énoncés portés par l’énonciateur journalistique soulignent, eux, une « émotion dite » par « dénotation directe » (« A Paris, l’horreur », Libération, « Paris cible d’un effroyable carnage, Paris compte ses morts », L’Est Républicain, « Effroi dans la rue », Presse Océan). Les titres de ce corpus laissent ainsi transparaître un balancement continu entre trois pôles de narrativité :

La mobilisation de témoignages qui reconstruisent le puzzle des événements de la veille, les jalons topographiques (les lieux des différentes attaques : « Au Stade de France, Hollande entend une détonation, puis une seconde » ou « Carte : Les lieux des fusillades à Paris », (L), chronologiques (« Les attaques de la nuit du 13 novembre heure par heure », (L)) ou induisant une causalité (« La France ce pays que les djihadistes aiment haïr », (LM), « Unité », (L)) contribuent à rationaliser les faits mais également à répondre au besoin pour le lecteur confronté à ce traumatisme inédit de voir « se dérouler dans une sérialité interprétative », une « sérialisation par l’expérience affective » qui « contribue à façonner le sens social de l’événement. » (Lefébure, Roche et Sécail, 2018 : 46).

Ainsi, ce journalisme de l’empathie illustré par des choix sémantiques et stylistiques homogènes au-delà des traditionnelles variations éditoriales contribue fortement à une dramatisation événementielle appréhendée collectivement. Le lecteur co-construit ce discours commun et partage cette émotion qui devient collective, il ne peut rester extérieur à ce récit polyphonique complexe, composite, mosaïque et « ramifié » (Lefébure, Roche et Sécail, 2018 : 46) : il se mobilise. Ce discours circulant, que Truc, Le Bart et Née (2018 : 14) caractérisent de « discours politico-médiatique dominant, porteur d’injonctions à se sentir concernés » permet « la formation d’une communauté émotionnelle en réaction à l’attaque et activent des sentiments de commune appartenance, à commencer par le sentiment national, sur lequel le discours politico-médiatique dominant met prioritairement l’accent. Tout nous enjoint dans ces circonstances à nous sentir concernés par l’attentat et à compatir au sort de nos concitoyens qui en sont victimes » (Truc, 2016).



*Annabelle Seoane – est maître de conférences à l’Université de Lorraine, à Metz. Elle s’inscrit dans la tradition de l’école française d’analyse du discours qui aborde le texte comme une production discursive inscrite dans un champ social spécifique. Ses travaux portent sur certains objets linguistiques en co(n)texte et interrogent la co-construction du sens en discours mais également le fonctionnement même du discours dans sa dimension interdiscursive, interlocutive, et pragma-énonciative. Annabelle.Seoane@univ-lorraine.fr


*Marie Chagnoux – est maître de conférence en sciences de l’information et de la communication à l’Université Paris 8. Docteur en linguistique computationnelle, elle s’inscrit dans une perspective transdisciplinaire pour aborder les transformations des pratiques et des discours par le numérique, notamment dans les domaines médiatiques et pédagogiques. Marie.Chagnoux@univ-paris8.fr


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Notes de bas de page

  1. https://cper-ariane.univ-lorraine.fr/project/temoignages-terrorisme-et-region-grand-est-terr-est/.
  2. Nous précisons ici que la structuration éditoriale de la presse en grands groupes régionaux font qu’un même titre peut être présent dans deux médias distincts.
  3. « Un PDV correspond à un contenu propositionnel renvoyant à un énonciateur auquel le locuteur s’assimile ou au contraire dont il se distancie » (Rabatel, 2005).
  4. Le terme est au singulier lorsqu’il désigne les événements du Bataclan et au pluriel lorsqu’il renvoie à la totalité.
  5. On notera ici l’utilisation du possessif « vos » confortant le sentiment que tout lecteur est potentiellement touché par la perte d’une connaissance.

COPE

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Received: 10.08.2022. Accepted: 16.11.2022.