ACTA UNIVERSITATIS LODZIENSIS
Folia Litteraria Romanica 17(1), 2022
https://doi.org/10.18778/1505-9065.17.1.13

Anna Opiela-Mrozik* Orcid

Université de Varsovie

Crise de l’amour, crise de l’écriture ? Jean de Tinan à la recherche d’un traitement par les mots

RÉSUMÉ

L’article présente les traits principaux de la personnalité de Jean de Tinan et de son écriture qui est l’inscription des crises sentimentales vécues par ce romancier fin-de-siècle mort prématurément. Sa recherche désespérée de l’amour conjuguée à « l’impuissance d’aimer » se reflète dans les imperfections et l’hybridité de sa création littéraire. Les textes autofictifs de Tinan (Un document sur l’impuissance d’aimer et, plus particulièrement, Penses-tu réussir !) témoignent d’une crise du roman : composés de notes, bouts de préfaces et fragments divers, ils sont rédigés dans un style primesautier, souvent métadiscursif et discontinu à l’extrême. Cependant, derrière une négligence de la forme et du style se cache l’émotion sincère d’un mal-aimé. L’écriture de Tinan assure un refuge, voire une thérapeutique que s’est inventée un homme malade. Tout en étalant sa souffrance, celle-ci lui apporte du soulagement. L’article se propose de réfléchir sur la fonction compensatrice de l’écriture de Tinan.

MOTS-CLÉS — Jean de Tinan, crise, amour, écriture, impuissance, imperfection, soulagement

Crisis of Love, Crisis of Writing? Jean de Tinan in Search of Therapy by Words

SUMMARY

This article presents the main personality traits of Jean de Tinan and characteristics of his writing which is the notation of emotional crisis suffered by this prematurely died writer of fin-de-siècle. His desperate quest for love connected with “impotence of loving” reflects in imperfections and hybridity of literary creation. Autofictive texts of this author (Un document sur l’impuissance d’aimer and especially Penses-tu réussir!) indicate the crisis of novel: composed of notes, pieces of prefaces and different text excerpts these texts are written in spontaneous style, often metadiscursive and discontinuous. However, behind the negligence about format and style lays sincere emotion. Tinan’s writing is kind of asylum for the ill man. By showing suffering, it gives him kind of alleviation. This article proposes the reflexion about compensable function of Tinan’s writing.

KEYWORDS — Jean de Tinan, crisis, love, writing, impotence, imperfection, relief


Un jeune homme aux allures de dandy et au regard mélancolique, un habitué des cafés et des cabarets parisiens constamment en quête de l’amour, un écrivain talentueux et malade mort prématurément sans avoir mené à bien tous ses projets littéraires. Telle est l’image de Jean de Tinan, romancier fin-de-siècle disparu à l’âge de 24 ans (1874-1898), une image esquissée à la hâte comme l’était aussi son écriture qui frappe par sa modernité audacieuse. Afin de saisir sa personnalité, il faudrait revenir au message de l’épitaphe de Stendhal, ce maître à penser du jeune romancier tourné vers les idées romantiques : il a « vécu, aimé et écrit », et tout cela au comble de ses possibilités physiques et émotionnelles. C’est dans son attitude d’égotiste hypersensible et vivant à l’excès que réside la genèse de la crise, ou des crises, cette notion sans laquelle il serait impossible d’aborder son œuvre largement autofictive, de même que les objectifs consolants qu’il assignait à son écriture. Nous nous proposons donc de définir la crise en tant que réalité psychique, voire psychophysiologique et émotionnelle, dans la vie de Jean de Tinan, mais aussi comme le trait caractéristique de son écriture, qui en fait la valeur[1]. Sans oublier la fonction compensatrice qui, paradoxalement, coexiste avec cette écriture de la crise et en crise permanente.

« Je veux vivre intensément puisque je dois mourir jeune »[2], a-t-il noté dans les Cahiers de son Journal intime en juillet 1893, présageant ainsi sa mort précoce. Cette manifestation provocante traduit pourtant bien ce qui importait dans la vie du jeune dandy : aimer et découvrir le monde à travers les relations et les livres. Entraîné dans le bouillonnement artistique et intellectuel de son époque, il s’est vite tourné vers la littérature en essayant de trouver sa place parmi les symbolistes qui l’entouraient. Ayant noué amitié avec André Lebey et Pierre Louÿs, il a pénétré dans le cercle des jeunes écrivains et poètes, sésame pour approcher Mallarmé lors d’un mardi de la rue de Rome[3].

Cependant, tout en admirant Mallarmé en tant qu’artiste absolu[4], Tinan n’est pas devenu son disciple, préférant s’exprimer dans une forme romanesque. Dès l’âge de 18 ans, il tentait, au moyen de contes, essais, articles et journal intime, d’élaborer une écriture qui exprimerait ses contradictions intimes : son côté sentimental et ironique, mélancolique et moqueur, le tout fondé sur les élans du cœur constamment relayés par les analyses des troubles émotionnels. Son choix du roman ne doit pas étonner : ce genre en crise, par lequel les écrivains fin-de-siècle cherchaient à se démarquer du réalisme et du naturalisme, est devenu pour Tinan « un voyage introspectif qui fixe les étapes amères d’une errance juvénile bien difficile à vivre et à surmonter »[5].

1. Première crise, premier texte : Un document sur l’impuissance d’aimer

Dans cette « formule nouvelle du roman » qui, selon Jules Renard, consiste à « ne pas faire du roman »[6], Tinan commence à noter ses diverses expériences d’un mal-aimé. Il débute par un texte-hybride intitulé Un document sur l’impuissance d’aimer (1894), qui est l’inscription d’un état dans lequel on peut voir une crise émotionnelle qui caractérise alors toute une génération[7]. Ce petit livre à la typographie espacée et entrecoupée de blancs illustre cette « maladie du jour », comme on qualifiait l’impuissance d’aimer, en y voyant un aspect de l’âme moderne[8]. Dans ce texte qui se présente sous forme de journal et marque le début d’une forme d’autofiction pratiquée par Tinan (il y a repris ses notes diverses et des extraits du journal intime), on passe, au moyen d’un monologue intérieur, par une crise d’amour vécue par le double de l’auteur. Ce jeune homme, nommé Marcel, vit un flirt sentimental avec une jeune fille appelée Fernande dont le portrait renvoie inévitablement à Élisabeth Delasalle, dite Bessie, avec laquelle Tinan a vécu sa première déception amoureuse[9].

Dans le récit de cette expérience douloureuse, l’impuissance à aimer apparaît comme une conséquence d’une crise intérieure (« qui écrite semble violente ») qui s’est passée « entre Je et Moi »[10] et dont les symptômes psychiques ne sont pas sans rappeler la crise de nerfs, une espèce de bouleversement violent annonçant déjà la maladie de l’écrivain[11]. D’ailleurs, à travers les analyses qu’il fait de chaque mot, geste et émotion qui marquent le jeu amoureux entre les jeunes, Tinan évoque à plusieurs reprises un état d’esprit dominé par une excitation qui ne se transforme pourtant pas en action : « Oh je sanglote – pourquoi – pourquoi ! Ces crises nerveuses de larmes me désespèrent. Je sens si bien alors combien je suis faible et petit – moi qui ai quelquefois cet orgueil de me croire fort. Ah je ne puis rien supporter – rien – mes nerfs me font mal horriblement, il me semble que je me crispe tout entier ! »[12].

Ce n’est qu’à la fin du récit de son échec sentimental que l’alter ego de Tinan semble surmonter ses crises en retrouvant un état d’équilibre : « Je suis parti ce matin – si j’en suis triste ? non. Si j’étais parti en un moment de crise j’aurais été désolé – désespéré ; mais je suis parti en un moment d’équilibre et je lui ai tout simplement dit : “au revoir” »[13]. L’impuissance d’aimer débouche sur un vide affligeant que retrace l’aveu de la rupture définitive, précédée de quelques pages blanches. Car, en effet, la crise de l’amour chez Tinan se reflète dans celle de l’écriture : avant de passer à la confession du mal-aimé, l’auteur insiste sur « le décousu » qui « est vraiment caractéristique de ces crises – oh ! insignifiantes – mais qui nous énervent tant à un moment de vie où nous aurions besoin de toute notre volonté pour prendre conscience de nous-mêmes »[14]. Son premier livre, qu’il désigne comme « la pierre tombale d’un rêve », se compose, selon son aveu, de « fragments de journal hâtivement rédigé »[15]. Il y insère également des extraits de lettres, quelques poèmes et notations, le tout dans un style haché mais rythmique, avec des lenteurs et des silences propres aux rêveries d’un amoureux. Se laissant guider par les émotions, Tinan déploie ainsi son dilettantisme littéraire fin-de-siècle, donnant à voir ce que Paul Bourget définissait comme un « style de décadence » qui met en place le processus de réduction « affectant à la fois l’espace du texte et la quantité du texte »[16].

Si la forme fragmentaire et le style discontinu de son premier ouvrage conviennent bien à l’expression de la crise, dans l’écriture de Tinan se fait sentir une autre crise, caractéristique des symbolistes, et qui persistera tout au long de sa création : celle du langage. Le texte de Tinan semble, en effet, perdre ses repères en raison de l’impuissance de la parole, tronquée et bien souvent vaincue par le silence, ce dont témoignent la blancheur de certaines pages. Le narrateur d’Un document sur l’impuissance d’aimer se heurte souvent à l’impossibilité d’exprimer ce qu’il pense et en vient à se méfier des mots comme de la réalité : « Je le dis très simplement, je ne veux plus aimer les mots. Nous sommes dupes des mots comme de toutes choses – comme nous sommes dupes de nous-mêmes »[17]. Tout en approuvant son dandysme, Tinan refuse de se dissimuler derrière un masque et tend, par l’intermédiaire de ses alter ego, à dévoiler sa sensibilité et sa vulnérabilité. Ses réflexions sur le langage qui ne cesse de se dérober ne l’empêchent donc pas de constater : « Mais nous écrivons comme nous pleurons, parce que cela nous soulage de pleurer – parce que cela nous soulage d’écrire »[18]. Le texte de Tinan illustre comment le mot change de fonction : en tant qu’objet et non plus outil, il refuse de véhiculer le sens et, « confondant l’existence et l’essence », s’avère « plus proche que jamais du silence »[19]. Néanmoins, pour un artiste affecté par l’impuissance d’aimer, seule l’écriture, toute défectueuse qu’elle soit, mais toujours sincère, peut apporter un apaisement, sans pourtant être un remède.

2. Raconter des amours difficiles : Penses-tu réussir !

Une telle conviction se trouve aussi bien à l’origine du roman Penses-tu réussir ! ou Les diverses amours de mon ami Raoul de Vallonges (1897) dans lequel Tinan met en scène un autre alter ego qui raconte, cette fois-ci, sa quête effrénée de l’amour réduite, en fin de compte, à une suite de déboires amoureux qui ne sont pas sans rappeler ceux de Frédéric Moreau dans L’Éducation sentimentale. En effet, ce roman insolite et bigarré constituerait une Éducation sentimentale fin-de-siècle[20]. Toujours à la recherche d’une fiancée idéale, Tinan apparaît ici sous un angle nouveau et son écriture subit des modifications qui tournent à la dislocation délibérée du récit. Il est important de noter que le roman Penses-tu réussir ! a été rédigé après une histoire douloureuse et compliquée liée à la rencontre d’Édith Durand dont Tinan était tombé éperdument amoureux et qui, après une courte hésitation, avait rejeté son amour en en choisissant un autre. C’est dans son Journal intime que Tinan retrace en détails sa relation avec Édith, un amour violent qui s’est transformé en une véritable obsession dont, jusqu’à sa mort, il n’a pu se délivrer[21]. Après cet échec, une déception doit être lue comme une césure dans la biographie et la création de Tinan. Comme le souligne Fabrizio Impellizzeri, « il existe en effet deux Jean de Tinan : celui d’avant 1895 et celui d’après 1895 »[22], ce dernier victime d’une crise sentimentale sérieuse qui le poussera à se jeter dans le tourbillon des amours faciles qu’offre la capitale. Ayant perdu son étoile, Tinan, « le beau ténébreux » selon l’expression de Rachilde, « amoureux de la vie, surtout de la vie nocturne »[23], se met, un peu comme Nerval dans ses Nuits d’octobre, à descendre au travers des cercles successifs du demi-monde parisien, croyant y voir un antidote à son malaise d’amour.

A-t-il donc réussi à panser sa crise ? Même si se côtoient dans son roman plusieurs femmes bien distinctes, on n’y trouve pas celle qui l’aurait définitivement guéri de l’insatisfaction permanente. Les aventures de Raoul de Vallonges se ramènent à une lutte désespérée contre ses propres crises et à des tentatives de soigner ses blessures émotionnelles. Dans cette opération psychologique et esthétique à la fois, il est possible de remarquer une triple acception de la notion de crise. Afin de le démontrer, reprenons donc le deuxième chapitre du roman où Tinan analyse sa passion pour Édith Durand, ici devenue Flossie (Flaurence Mauberets). Certes, l’auteur reprend ici de nombreuses notes du journal, néanmoins le texte « En façon d’épithalame pour un mariage manqué », comme l’annonce le titre du chapitre, peut être considéré comme un essai à visée thérapeutique, ce dont témoigne le regard distancié de l’auteur et une légère touche ironique ajoutée à l’image de Flossie. Par ailleurs, en revenant sur ce qu’il a vécu, Tinan y aperçoit une certaine fatalité, voire nécessité, dans la vie d’un adolescent faisant son éducation sentimentale tout comme son modèle flaubertien : « Je pense aujourd’hui que pour moi, “le besoin se faisait sentir”, à cette époque de ma vie, d’une crise – c’est vous qui vous êtes trouvée là... et je n’avais pas du tout d’“expérience” »[24].

Malgré un souvenir toujours vif des souffrances vécues et la crainte de sentir se raviver ses blessures, Tinan entreprend de conter l’histoire de sa « crise d’amour » (selon la première acception du terme), en vue de prendre du recul par rapport à elle, de « réveiller [s]on ancienne douleur pour l’habiller d’une robe neuve »[25]. Dans sa confession sincère et passionnelle en même temps, Tinan, dissimulé derrière son alter ego, s’attache à nommer son état psychique et les perturbations qu’il a subies : d’abord, il envisage le flirt en tant que « seul baume d’énervement à nos neurasthénies attristantes »[26] pour ensuite passer à une surexcitation nerveuse proche d’un paroxysme ce qui renvoie à la deuxième acception de la notion. En effet, Tinan parle de son état en termes de « crises » qui bouleversent son fonctionnement : « J’atteignis à des paroxysmes... j’eus des crises... j’achetai un revolver dernier modèle »[27] ou bien « L’amour ? – ça me prenait par crises... je souffrais, et je sanglotais »[28], « de grands sanglots nerveux venaient encore briser tout mon courage »[29]. Ce n’est qu’après avoir étudié son malaise et décidé de revenir à la vie que Raoul de Vallonges voit ses crises devenir plus rares, si bien qu’il peut constater : « Je me cicatrisais peu à peu »[30]. Force est de remarquer que, dans la réalité, après son histoire avec Édith, Tinan voit s’aggraver son état de santé : ses accès de désespoir se trouvent à l’origine des insomnies, tandis que l’épuisement nerveux et le rhumatisme cardiaque annoncent la maladie qui l’emportera quatre ans plus tard[31].

Raoul de Vallonges, en revanche, remarque avec fermeté : « Décidément, j’avais traversé une crise. Une crise que je n’oublierais pas... qui me préserverait sans doute... »[32]. S’étant vacciné, selon ses propres mots, contre le rêve d’un amour idéal, Vallonges entre avec plus de conscience dans une nouvelle relation, avec une jeune prostituée, la pâle petite Jeanne, même s’il se croit toujours condamné à l’impuissance d’aimer :

Je suis très lucide ; mais je pense mollement : C’est une crise. Il y a déjà eu Flossie dans le temps... seulement je suis plus intelligent maintenant... C’est la même chose ; – j’étais las de l’existence, j’en avais plein le dos et j’ai rencontré Jeanne, [...] Je SAIS que cela sera encore raté, et au fond de moi, cela me désole... [...] Jeanne ! Qu’est-ce que je prétends donc en faire ? – Rien. Est-ce que je crois vraiment pouvoir la sauver ? Non. Alors pourquoi est-ce que j’essaye... C’est une crise...[33].

Voyant son Rêve bleu[34] d’une fiancée idéale s’évanouir tour à tour dans chacune de ses diverses amours, Raoul de Vallonges finit par entamer une liaison avec Geneviève, une élégante femme du monde capable d’assurer « un parfait palliatif » à ses maux, même s’il ne s’agit que d’un « délicieux provisoire »[35]. L’amoureux à jamais insatisfait avoue apprécier la douceur des faux amours, sans perdre de vue la perspective du vrai, quitte à ne jamais le retrouver : « je pense tout simplement que puisque les “palliatifs” sont déjà exquis, le remède vrai à notre cœur ulcéré, – la “panacée”, – serait incomparable... »[36]

Force est de souligner que dans le dernier chapitre de Penses-tu réussir !, Raoul de Vallonges ne se laisse pas entraîner par les flatteries et tentations maléfiques de « La p’tite Sirène du pont des Arts » qui se nomme Glaucé. Malgré les échecs et les crises qu’il a traversées, le héros de Tinan rejette l’invitation de cette créature séduisante à se noyer avec elle dans les eaux de la Seine. « Ce que je te propose... c’est ce rêve pour remplacer ta vie... »[37], souffle-t-elle à Raoul, avec une voix mélodieuse, une vision du bonheur parfait et éternel. À ses appels toujours plus pressants, l’alter ego de Tinan répond avec fermeté : « Ce n’est pas votre Rêve que je méprise... mais je ne suis sûr que d’une chose, c’est de vivre, [...]. Je m’y plais aujourd’hui, et cela n’a pas été sans peine... »[38]. En effet, comme le remarque à juste titre Fabrizio Impellizzeri, « c’est par le biais de Glaucé que Raoul de Vallonges découvre sa nature humaine, ancrée dans la réalité [...]. La p’tite Sirène représente la connaissance et la conscience ; la rencontrer permet au narrateur de tirer une dernière leçon qui est indiquée dans le titre même de l’ouvrage, prononcée comme on prononce un dernier soupir : Penses-tu réussir ! »[39].

3. (Im)perfection d’une écriture qui soulage

Si Jean de Tinan était à la recherche d’un amour incomparable, voire improbable, il a de même créé un style improbable, primesautier et discontinu à l’extrême, qui renvoie à la troisième forme de la crise illustrée par lui : celle de l’écriture. Ce phénomène, amorcé dans le Document sur l’impuissance d’aimer, trouve son épanouissement dans Penses-tu réussir ! Le roman de Tinan se réduit, en effet, à un amalgame autoréflexif de notes, préfaces et fragments divers empruntés aux lettres et au journal intime[40]. On y chercherait en vain une espèce de structure, l’écriture de Tinan étant déréglée et éparpillée. Comme le remarque Guy Ducrey, Tinan procède à une restitution des impressions : « La mosaïque, précisément, ou le kaléidoscope, est le meilleur modèle de cette écriture qui semble viser tout entière à juxtaposer des éclats de sensations »[41].

Certes, le roman s’ouvre sur deux citations placées en épigraphe : l’une de Stendhal, l’autre de Racine, ce qui indique directement les inspirations du jeune écrivain, bien visibles dans les titres des chapitres et dans une tendance à la théâtralité des scènes dialoguées ou des monologues. Mais, lors de la lecture, on se rend compte que le récit même risque d’être compromis en raison du métadiscours auctorial qui s’impose en permanence et, qui plus est, du dédoublement de la voix narrative (celle de Raoul de Vallonges et de son ami anonyme). Tinan dépasse la manière stendhalienne de rompre, de temps en temps, le fil du récit par des interventions de la voix narrative, celles-ci étant trop nombreuses pour ne pas disloquer le récit. On assiste au « brouillage narratif » permanent dans lequel « l’auteur, ses personnages et surtout l’œuvre elle-même, se trouvent constamment mis à distance »[42]. Il suffit de noter que toute une partie du premier chapitre se ramène aux explications faites par l’auteur au sujet de la composition défaillante de son livre :

Il n’y a rien de moins truqué que mon livre – et si, comme cela, il traîne des bouts de préface dans mon premier chapitre, ce n’est pas parce que Laurence Sterne a fait ainsi dans Tristram Shandy, c’est parce que je vous ai toujours dit les choses au moment même où le besoin m’en est apparu. Je vous promets de mieux m’appliquer à la « composition » dans le roman qui suivra celui-ci...[43].

Dans Penses-tu réussir ! le lecteur est obligé de se confronter avec une écriture instantanée et lacunaire qui, dès le début, se place sous le signe de l’imperfection. Le style de Tinan ne cesse de battre en brèche la notion de récit en suivant directement et sincèrement les émotions de l’auteur : des phrases hachées, non achevées, truffées de points de suspension et d’autres signes de ponctuation dont l’usage est exagéré et détourné, c’est ainsi que se manifeste la crise du roman dans la création de Tinan, crise inséparable de celle qui résulte de sa vie amoureuse. En effet, Penses-tu réussir ! est un roman sur l’amour et sur la littérature, d’autant que Tinan y place certains de ses amis, tous hommes de lettres préoccupés des problèmes du langage. Dans leurs conversations reviennent, comme un refrain, des réflexions sur le choix des épithètes ou des métaphores et les effets obtenus par les tournures d’une phrase. Raoul de Vallonges se plaît également à s’appesantir sur un mot ou une forme verbale, par exemple : « “Si que je rentrerais”, se dit-il, – il affectionnait cette forme de conditionnel »[44]. Bref, ce roman de l’impuissance d’aimer

parle également de l’impuissance de l’auteur qui se débat dans les difficultés de l’écriture, qui joue avec les divers procédés et s’en joue ; dans son débat perce une distance ironique. De même que « l’impuissance d’aimer » conduit à renouveler éperdument les tentatives amoureuses, la multiplication des procédés d’écriture et leur transgression parle de l’impossibilité de créer un récit. Le thème de l’amour, central dans cet ouvrage, s’érige en métaphore de l’écriture[45].

Cependant, il ne faut pas croire que l’écriture en crise constitue un sujet d’auto-reproche pour Tinan, d’autant que son texte a été soumis aux corrections d’auteur avant d’être publié. Tout au contraire, il en parle dans une de ses lettres à Pierre Louÿs, affirmant en même temps son esprit de contradiction marquée d’auto-ironie :

Moi je viens de corriger les 100 premières pages de Penses-tu réussir ! Si je connaissais le type qui a fait cela, je le giflerais... Mais je suis tout de même assez content qu’il y ait un type pour faire ce livre [ceci exprime exactement ma pensée] – je regrette que ce soit moi, voilà tout. C’est plein de fautes, d’erreurs, de vagineries que je referai moins, j’espère (et c’est bien cela qui m’aura servi) mais je crois que c’est tout de même plus intéressant que si c’était bien fait... Enfin ![46].

Il faut dire que, derrière les négligences du style et de la forme, se cache un désir désespéré de doter l’écriture d’une fonction compensatrice, un désir exprimé par un homme qui ne peut pas échapper à son sort malheureux (selon Colette, il était « promis aux lettres et à la mort »[47]). En effet, si Tinan enregistrait ses malaises d’amour à l’aide d’un texte non moins troublé, cela n’empêche pas que son écriture soit devenue une sorte de refuge unique, voire une thérapeutique que s’est inventée un homme malade. Les pages de ses textes littéraires et du journal intime « assument ainsi le pouvoir d’un baume consolateur »[48] face à l’absence d’un remède espéré. S’il s’adresse, dans de longues digressions, à son lecteur, c’est aussi pour atténuer sa douleur : supposer la compagnie de quelqu’un qui puisse comprendre, même si sa présence n’est que virtuelle. En reprenant son activité littéraire après un séjour à l’hôpital, Tinan n’hésite donc pas à noter dans son journal : « Écrire m’a soulagé jadis et me soulagera bien encore »[49]. Certes, à mesure que sa maladie progresse, il souffre d’un épuisement amoureux et littéraire de sorte que son dernier roman, Aimienne, ou le Détournement de mineure, reste inachevé[50]. Cependant, aussi longtemps que cela a été possible, en raison de son caractère imparfait et dispersé, l’écriture a fait pour Tinan fonction de thérapie, apaisant son malaise physique et psychique et pansant ses crises.

*

Pour conclure, reprenons l’opinion de Mallarmé sur la production de Jean de Tinan. Dans la belle lettre que le poète a adressée au jeune débutant, il a défini Un document sur l’impuissance d’aimer comme « le texte le plus délicat et aigu », un livre « de subtil doigté, sur l’Âme, interrompu » dans lequel les blancs précisent « tout ce qu’on y eût rêvé »[51]. C’est ainsi que le jeune dandy a réussi à rendre l’idéal de la poésie symboliste où le silence chargé de sens dépasse le potentiel de la parole. D’autre part, considérant le roman Penses-tu réussir ! comme une nouvelle version de L’Éducation sentimentale, Mallarmé appréciait chez Tinan son « amusante et poignante désinvolture de sentiment si sincère »[52]. On peut dire que la crise qui se trouvait à l’origine de ce texte et qui réglait, ou bien déréglait, l’écriture de celui-ci, a permis à Tinan de créer, selon l’expression d’Anna Rozen, « le livre définitif sur l’amour »[53]. Sous la formule d’une autofiction spécifique et en adressant un clin d’œil familier à ses lecteurs, Tinan a exprimé les tourments de l’âme moderne en s’évertuant, en même temps, à les soulager.



*Anna Opiela-Mrozik, docteur ès lettres, maître de conférences à l’Institut d’Études romanes de l’Université de Varsovie. Auteure du livre La Musique dans la pensée et dans l’œuvre de Stendhal et de Nerval (Paris, Honoré Champion, 2015) et d’articles consacrés aux relations entre la littérature et d’autres arts, en particulier la musique, e-mail: am.opiela@uw.edu.pl, ORCID: https://orcid.org/0000-0002-4349-0631


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Notes de bas de page

  1. Force est de souligner qu’à force d’usage, la notion de crise s’est chargée d’incertitude dans sa définition. Si, étymologiquement, le terme signifiait « décision », il n’a gardé ce sens que dans le domaine de la médecine. Parmi d’autres acceptions de la notion, c’est « la perturbation » qui domine, indiquant ainsi ce paradoxe de la crise comme moment indécis qui peut néanmoins se transformer en action (voir à ce propos A. Nsonsissa, « Pour une ‘crisologie’ », Hermès, La Revue, 2011/2, n° 60, p. 142-143). Que Tinan réussisse à transformer ses diverses crises en écriture littéraire et intime semble confirmer cette thèse.
  2. Cité d’après J.-P. Goujon, Jean de Tinan. Biographie, Paris, Bartillat, 2016 [1991], p. 77.
  3. Tinan a noté dans son Journal intime ses souvenirs de la visite chez Mallarmé lors d’un des célèbres mardis, le 7 février 1894. Émerveillé par le personnage du poète, son hospitalité et sa conversation, au moment de quitter l’appartement de la rue de Rome, le jeune homme se sentait assuré dans sa vocation littéraire : « Avec A. Lebey nous sommes descendus enthousiasmés, enivrés – cela donne le courage, le désir de ne pas céder, de vivre l’art comme on le sent [...] » (J. de Tinan, Journal intime 1894-1895, éd. J.-P. Goujon, Paris, Éditions Bartillat, 2016, p. 103).
  4. En août 1894, en souvenir de sa visite chez Mallarmé, Tinan déclare : « Stéphane Mallarmé était LE poète. Il le demeure » (cité d’après G. Docquois, Le Congrès des Poètes – Août 1894, Paris, Bibliothèque de la Plume, 1894, p. 64).
  5. F. Impellizzeri, « Jean de Tinan ou l’autodestruction amoureuse d’un jeune dandy », in Le dandysme, de l’histoire au mythe, E. Kociubińska (dir.), Berlin, Peter Lang, 2019, p. 116.
  6. J. Romains, Journal, Paris, Laffont « Bouquins », 1990, 6 avril 1892, p. 99. Voir aussi à ce propos V. Michelet-Jacquod, Le roman symboliste : un art de l’« extrême conscience », Paris, Droz, 2008, p. 49-51.
  7. Dans la présentation du protagoniste épris d’idéalisme et caractérisé par une volonté défaillante ce qui le rend incapable de vivre un amour véritable, le récit de Tinan semble, par ailleurs, s’inspirer du roman de Teodor de Wyzewa, Valbert ou les Récits d’un jeune homme, publié un an avant, en 1893.
  8. Voir J.-P. Goujon, op. cit., p. 141-142.
  9. C’est pendant l’été 1893 que Tinan passait à Jumièges chez sa tante Mme Lepel-Cointet, qu’il a connu Bessie, dont la famille était liée avec la sienne. L’image de cette jeune fille de vingt ans, « jolie, voluptueuse et perverse » avec qui il a vécu un flirt passager, a longtemps hanté sa mémoire. Voir à ce propos J.-P. Goujon, op. cit., p. 88-90.
  10. J. de Tinan, Un document sur l’impuissance d’aimer, Paris, 1894, p. 83.
  11. Tinan souffrait d’une maladie de cœur qui s’est manifestée chez lui vers 1892. La crise sentimentale de 1894 a rendu plus grave la rechute du malaise qui, désormais, n’a fait que progresser. À la suite d’une rechute des rhumatismes articulaires, Tinan est mort en 1898 d’une néphrite cardiaque.
  12. J. de Tinan, Un document..., op. cit., p. 124.
  13. Ibid., p. 128.
  14. Ibid., p. 6.
  15. J. de Tinan, Journal intime, op. cit., p. 96.
  16. J. de Palacio, Le Silence du texte. Poétique de la décadence, Louvain-Paris-Dudley, Peeters, 2003, p. 19.
  17. J. de Tinan, Un document..., op. cit., p. 21-22.
  18. Ibid., p. 35.
  19. J. de Palacio, op. cit., p. 31.
  20. Cf. H. Laplace-Claverie, « Construction et déconstruction d’un mythe fin-de-siècle : l’impossible genèse de l’Essai sur Cléo de Mérode de Jean de Tinan », in Mythes de la décadence, A. Montandon (dir.), Clermont-Ferrand, Presses Universitaires Blaise Pascal, coll. « Littératures », 2001, p. 200.
  21. Édith Durand était issue d’une bonne famille de la haute bourgeoisie alliée aux Lepel-Cointet. Même si Tinan l’avait connue avant l’été 1893, c’est à cette époque-là qu’il s’est éperdument épris de cette jeune fille de 16 ans. Après le premier baiser offert par elle et une lettre de Tinan restée sans réponse, c’est le début d’une hantise douloureuse pleine d’incertitudes et de déchirement intérieur. À force de revivre constamment sa souffrance en l’écrivant, Tinan semblait se complaire dans ce mal qu’il se donnait : « Je répète son nom des heures pour me faire du mal... comme on effleure une plaie... » (J. de Tinan, Penses-tu réussir ! ou Les diverses amours de mon ami Raoul de Vallonges, Paris, La Table Ronde, 2003 [1897], p. 84)
  22. F. Impellizzeri, op. cit., p. 116.
  23. Rachilde, Portraits d’hommes, Paris, Mercure de France, 1930, p. 124. Rappelons que Tinan est l’auteur d’un recueil de chroniques parisiennes intitulé Noctambulismes (1897-1898) et publié à titre posthume en 1921.
  24. J. de Tinan, Penses-tu réussir !, op. cit., p. 51.
  25. Ibid., p. 52.
  26. Ibid., p. 53.
  27. Ibid., p. 79.
  28. Ibid., p. 83.
  29. Ibid., p. 85.
  30. Ibid., p. 91.
  31. Voir J.-P. Goujon, op.cit., p. 156.
  32. J. de Tinan, Penses-tu réussir !, op. cit., p. 92.
  33. Ibid., p. 159.
  34. C’est ainsi que Tinan appelle sa quête désespérée de l’amour qui le fait constamment souffrir tout en alimentant ses essais littéraires : « J’ai connu tout le Rêve bleu, et j’en ai souffert, et ses pétales déteints sèchent entre tous les premiers feuillets du livre de ma vie » (ibid., p. 38). Sans disparaître, le « Rêve bleu » se dégrade au fur et à mesure des illusions perdues par un mal-aimé : « Le fin Rêve établi ne meurt pas, si phtisique et si chlorotique qu’il soit, mais il devient un peu timide [...] » (ibid., p. 36).
  35. Ibid., p. 250.
  36. Ibid., p. 256.
  37. Ibid., p. 278.
  38. Ibid., p. 280. Le renoncement à l’appel de la sirène traduit le refus de l’idéalisme symboliste par le héros de Tinan. La conclusion du roman rejoint en effet celle du récit de Wyzewa où Valbert rejette son pessimisme afin de s’engager dans la vie et s’ouvrir aux autres. C’est d’ailleurs une solution qu’envisagent aussi d’autres protagonistes des romans dits cérébraux comme Sixtine de Remy de Gourmont ou Le Livre de Monelle de Marcel Schwob.
  39. F. Impellizzeri, « La p’tite Sirène du pont des Arts. L’ulyssisme sentimental de Jean de Tinan », in Aspetti dell’ulissismo intellettuale dall’Ottocento a oggi, N. Zago (dir.), Leonforte, Siké Edizioni, 2018, p. 175.
  40. Il s’agit évidemment du mélange générique dans un texte qui ne cesse d’exposer les conditions de sa production. Par une sorte de mise en abîme, ce processus est également illustré par l’évocation d’une autre œuvre hybride de Tinan, ce dont témoigne le chapitre sixième de Penses-tu réussir ! : « Origine, grandeur et décadence d’un Essai sur Cléo de Mérode considérée comme symbole populaire ». Voir à ce propos : H. Laplace-Claverie, op. cit., p. 200-201.
  41. G. Ducrey, « Introduction » à Penses-tu réussir !, in Romans fin-de-siècle, Paris, Laffont « Bouquins », 1999, p. 1032-1033.
  42. Ibid., p. 1034.
  43. J. de Tinan, Penses-tu réussir !, op. cit., p. 33.
  44. Ibid., p. 103.
  45. G. Moix, « La dislocation du récit dans Penses-tu réussir de Jean de Tinan », Littératures, 1990, n° 22, p. 122.
  46. Cité d’après A. Rozen, « Préface », in J. de Tinan, Penses-tu réussir..., op. cit., p. 8-9.
  47. Colette, Mes apprentissages [1936], in Œuvres complètes, C. Pichois (éd.), t. III, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1991, p. 1015.
  48. F. Impellizzeri, « Jean de Tinan ou l’autodestruction... », op. cit., p. 121-122.
  49. J. de Tinan, Journal intime, op. cit., p. 342.
  50. Par ailleurs, le journal intime dévoile plusieurs autres projets de romans que Tinan envisageait d’écrire...
  51. Cité d’après J.-P. Goujon, op. cit., p. 144.
  52. Ibid., p. 372.
  53. A. Rozen, op. cit., p. 7.

COPE
CC

Received: 2021-11-13; Revised: 2022-01-17; Accepted: 2022‑03‑03.